Il a présenté une oeuvre assez sérieuse sur une période très douloureuse du vécu algérien. Décidément, la décennie rouge et noir qu'a vécue l'Algérie ne cesse d'inspirer des écrivains, comme Yasmina Khadra, mais est également, mise sous les feux de la rampe par les cinéastes. Ainsi, Karim Bensalah aborde la question à sa façon et ce, à travers le court métrage, Le secret de Fatima projeté mercredi dernier à la salle Ibn Zeydoun de l'office de Riadh El Feth. Ce court métrage de 30 minutes met en exergue le paradoxe entre la vie pesante de la vieille Fatima et les turbulences du monde extérieur. Fatima, cette vieille femme de soixante-cinq ans, vit dans un quartier dévasté par la violence terroriste et les règlements de compte sanglants. Cette femme qui cherche à quitter le quartier, affiche une indifférence inquiétante envers son voisinage car elle est tout le temps seule et isolée, ses yeux sont noyés de chagrin et les larmes qui ruissellent sur son visage, pourtant si angélique, semblent porter toutes les misères du monde. Derrière cette indifférence apparente se cache un secret. Secret qui laisse chaque femme, chaque mère, très perturbée et désemparée, troublée par un secret lourd à porter. Ce secret se dévoilera au moment où Fatima décide de briser le mur du silence. Sa voisine de palier vient de perdre son fils, qui est un terroriste, une tragédie que Fatima semble bien connaître. Pour venir en aide aux parents meurtris, la femme est obligée de dévoiler son secret, avouant qu'elle aussi a perdu deux fils dans des conditions plutôt singulières, ces derniers ayant été victimes d'un fratricide. Ce court métrage qui semblait au début ennuyeux surprend peu à peu et capte l'attention du spectateur jusqu'au bout, grâce également à la maîtrise des aspects technique et artistique souvent peu mis en valeur dans les réalisations de ce genre. Le rôle de la vieille Fatima est incarné par la talentueuse Tassadit Mandi qui a déjà joué dans d'autres films en France. Ce film, une coproduction algéro-française, porté par deux producteurs privés, Yard Diffusion pour l'Algérie et les films du Sirocco pour la France. Le financement a été possible grâce à l'aide octroyée par le Centre national français de la cinématographie et le préachat par la chaîne franco-allemande Arte. Ce film est projeté à la salle Ibn-Zeydoun jusqu'au 13 mai, et à la cinémathèque du 15 au 27 mai, ensuite il sera montré à Béjaia et à Oran. Ce court métrage a obtenu plusieurs prix dans des festivals internationaux tel le Prix de la ville de Dijon. Aussi la mention spécial du jury au festival de Montréal. Le secret de Fatima est un court métrage qui traduit la réalité d'un vécu algérien durant les années 90 et les séquelles que ce cauchemar a laissées.