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Et si on en parlait littérature?
10E SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D'ALGER
Publié dans L'Expression le 27 - 09 - 2005

Quatre auteurs se sont mis de la partie pour faire l'état des lieux du roman et de la littérature algérienne.
Littérature et roman algériens, et si on en parlait? L'occasion s'est présentée avant-hier, dans le cadre des activités du Café littéraire du 10e Salon international du livre d'Alger (Sila).
Quatre personnalités du monde des lettres ont animé le débat qui était d'ailleurs très instructif: Maïssa Bey, Ahmed Layachi , Youcef Sayah et Djamel Mati. Ces auteurs qui ont émergé durant la dernière décennie, sont considérés par les critiques littéraires comme étant des écrivains de l'urgence. Un genre de littérature née pendant la décennie dramatique qu'a vécue l'Algérie. Une époque durant laquelle les écrivains n'ont trouvé que les mots comme seul recours. Les conférenciers se sont efforcés à démontrer «la tentative de rendre compte», opérée par cette génération d'écrivains, témoins d'une «société en restructuration». «Cette littérature a voulu décrire la destruction chaotique», dira l'auteur de Surtout ne retourne pas, Maïssa Bey a exprimé un certain regret de n'avoir pas pu apprendre la langue arabe, d'où son sentiment d'être une exilée. Pour sa part, Ahmed Layachi, soulignera dans sa brève intervention, l'impossibilité de «cataloguer» la littérature algérienne des dernières années, estimant que «cette littérature n'est pas celle de l'exil, mais plutôt celle du désespoir, qui n'a pas de repères et où le héros collectif a cédé place à l'individuel», expliquera-t-il. La langue d'écriture en tant qu'»outil» de travail ou élément de «l'émotionnel» et de «l'identitaire» chez l'écrivain a été également l'un des axes débattus par Youcef Sayah et Djamel Mati, pour qui «les clivages linguistiques ne servent pas la littérature». «Chacun est libre d'écrire dans la langue qu'il a choisie pour plusieurs considérations», expliquent-ils. Et c'est à juste titre car la langue n'a jamais constitué un handicap en soi. Malek Haddad, l'un des plus brillants écrivains algériens, disait: «Je n'écris pas en français, mais j'écris le français». On se rappelle aussi la fameuse phrase de Kateb Yacine, en réponse aux arabisants qui affichaient un nationalisme démesuré: «La langue française est un butin de guerre». Et c'est le même Kateb qui disait, en substance, «il ne faut la caresser, la langue , mais la violer».
En outre, plus nos écrivains adoptent une langue étrangère comme langue d'écriture, plus notre littérature devient illustre. D'ailleurs, le monolinguisme conduit droit au chaos. Et c'est les Arabes eux-mêmes qui affirment: «Celui qui ne maîtrise qu'une seule langue est borgne».
ça explique toute l'équation. Par ailleurs, en Algérie, ce sont les écrivains ayant adopté la langue française comme «outil» de travail qui ont donné une dimension universelle à la littérature algérienne et, par ricochet, à faire connaître notre identité.
Rappelons à cet effet, Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun qui est traduit dans quinze langues, les oeuvres de Malek Haddad, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, et les écrivains contemporains comme Tahar Djaout, Yasmina Khadra...


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