«Ma présence en Iran montre la volonté de l'UE d'avoir des relations meilleures et plus efficaces en même temps que les négociations nucléaires», a répondu Mme Ashton. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a mis en garde hier, à Téhéran contre tout excès d'optimisme dans le règlement global du dossier nucléaire iranien, affirmant que les négociations étaient difficiles et sans «garantie de succès». L'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) ont conclu en novembre à Genève un accord intérimaire de six mois qui expire le 20 juillet. De nouvelles négociations ont été lancées en janvier, les Occidentaux cherchant à obtenir un accord global garantissant la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien. La prochaine session est prévue le 17 mars à Vienne. «Nous sommes engagés dans des négociations difficiles, avec des défis, et il n'y a pas de garantie de succès» mais «nous devons nous fixer pour objectif d'aboutir» à un accord, a dit Mme Ashton, qui effectuait sa première visite en Iran depuis sa nomination à la tête de la diplomatie européenne. Mme Ashton, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, joue un rôle central dans les négociations. Israël tremble et craint apparemment de perdre son statut de seule puissance nucléaire dans la région. Aussi accuse-t-elle l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Et l'Etat hébreu a maintes fois dit son hostilité à tout accord avec l'Iran, son ennemi juré. A l'évidence, Israël a critiqué la visite de Mme Ashton en Iran. «Je me serais attendu à ce que Catherine Ashton annule, ou au moins reporte, sa visite à Téhéran», a dit le ministre chargé des Renseignements, Youval Steinitz. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est lui interrogé si Mme Ashton avait «l'intention de poser des questions à ses hôtes iraniens sur la fourniture d'armes à des groupes terroristes et, si elle ne le fait pas, lui demander pourquoi?» L'Iran a démenti les accusations israéliennes. Durant la conférence de presse à Téhéran, M. Zarif a réaffirmé que l'Iran était «déterminé à aboutir à un accord» nucléaire final, qui pourrait selon lui être conclu dans les quatre ou cinq prochains mois. «Nous avons montré notre bonne volonté et avons accompli ce que nous devions faire dans le cadre de l'accord intérimaire», a-t-il dit, ajoutant que Téhéran «n'acceptera une solution que si ses droits (en matière nucléaire) sont reconnus». Lors de son entretien avec Mme Ashton, le président Hassan Rohani a dit souhaiter «nouer des relations nouvelles avec l'UE», notamment «des liens stratégiques dans le domaine énergétique et le transit» commercial, selon l'agence Isna. Les deux parties peuvent aussi «coopérer sur la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, sur l'Afghanistan, l'Irak ou encore la Syrie», a-t-il ajouté. L'Iran est l'un des rares alliés du président syrien Bachar al-Assad. «Ma présence en Iran montre la volonté de l'UE d'avoir des relations meilleures et plus efficaces en même temps que les négociations nucléaires», a répondu Mme Ashton. Pour parvenir à un accord final, plusieurs questions sensibles demeurent, en particulier la taille du programme d'enrichissement iranien, le site d'enrichissement de Fordo et le réacteur à eau lourde d'Arak. L'Occident demande la fermeture de ces deux sites, mais Téhéran refuse. La visite de Mme Ashton a été facilitée par le réchauffement des relations après l'élection de M. Rohani, un modéré, et l'accord nucléaire intérimaire qui prévoit un gel de certaines activités sensibles iraniennes en échange d'une levée d'une petite partie des sanctions occidentales qui étranglent l'économie du pays. Mme Ashton a par ailleurs souligné sa «fierté» d'avoir rencontré des «activistes féministes» samedi à Téhéran à l'occasion de la Journée internationale de la Femme. «J'ai discuté avec M.Zarif des possibilités d'un dialogue sur les droits de l'homme à l'avenir». La question des droits de l'homme est un sujet de discorde régulier, les Occidentaux critiquant l'usage fréquent de la peine de mort en Iran et les emprisonnements d'opposants politiques.