Le trafic de drogue en lui-même est un abominable crime. Que penser d'un gus qui file de la came à un mineur? Nos tribunaux sont débordés de dossiers de toute nature. Il y a l'escroquerie. On peut ajouter l'émission de chèques en bois, les menaces, les coups et blessures volontaires réciproques à l'aide d'arme blanche, les homicides et blessures involontaires, les insultes et injures or, il y a un délit monstrueux, intenable, quotidien. Le trafic de drogue a pris d'énormes proportions. Il est en expansion partout même à Rouiba. Le tribunal du coin juge un petit dealer qui a refilé de la came à un tout petit jeune mineur «Zaguette». Il y a cette rude loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression et du trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotrope, via son article 12 qui est très sévère. Le fameux article 12 dispose qu' «est punie d'un emprisonnement de deux (2) mois à deux (2) ans et d'un amende de 5000 DA à 50.000 DA, ou de l'une de ces deux peines, toute personne qui d'une manière illicite, consomme ou détient à usage de consommation personnelle des stupéfiants ou des substances psychotropes». Ce qui signifie en vingt mots que la détention de came pour sniffer est un délit qui peut mener loin, très loin.. En l'espèce, l'inculpé du jour risque gros en étant poursuivi pour avoir filé du poison à un mineur. Et ce mineur a un statut particulier qui lui a permis de désigner de l'index avec un regard plein de peur le dealer amateur car le...pro «n'aurait jamais pris le risque de jouer avec le feu. Il faut vite préciser ici que les juges du siège ont du mal à faire la part des choses pour ce qui est du délit qui s'étale de la détention à l'usage en passant par la commercialisation, ce dernier étant puni par l'article 17 de la même loi qui prévoit une peine d'emprisonnement de 10 ans à 20 ans... Brrr! Brahim N., 1,92 m, est inculpé de commercialisation de stups. Selon la police, il aurait été interpellé du côté de Aïn Taya avec quatre joints prêts à l' «emploi». Le jeune et ambitieux Oueza, le sec président du pénal du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) est dans son mauvais jour. Il a horreur, une sainte horreur des pilleurs de plages et suivent juste après les petits dealers, les consommateurs et à l'occasion ceux qui boivent de l'alcool et prennent le volant. En face de lui, le dealer suit cette question: «Vous avez trouvé la drogue sur la plage où elle a échoué?» ironise le juge qui cherche visiblement à ébranler le longiligne prévenu en grande forme et pas soumis du tout. Il n'y a qu'à suivre sa réponse pour s'en convaincre: «Monsieur le président, j'ai acheté cette came chez quelqu'un que je n'ai jamais fréquenté ni vu, je le jure» siffle Ibrahim, tout à coup tremblant de toute sa frêle et élancée carcasse, craignant les foudres d'une lourde peine en ce début 2014. Un lourd silence tombe dans la salle avant que l'on entende: «C'est ça, vous erriez dans les artères de la cité lorsqu'un étranger vous a abordé et proposé de vous empoisonner», martèle le juge qui demande au prévenu de se tirer d'affaire en disant la vérité. «Et la vérité qu'attendait le tribunal, c'est que vous aviez proposé votre drogue à un mineur lequel vous a confondu lors de la confrontation. Nous avons toutes les déclarations sous les yeux» mitraille le magistrat qui obtient enfin de l'inculpé une version qui tient debout, à savoir que le jeune mineur ne faisait pas son âge: «Il m'a dit qu'il avait 22 ans. Je suis tombé dans le panneau», reconnaît Ibrahim qui baissera pour la première fois la tête en signe d'aveu. Il attend que Boularaoui, le discret et réservé procureur, ouvre la bouche pour prononcer des mots durs mais justes à son encontre: «C'est un phénomène dangereux que la commercialisation de la came», lance, amer Mohamed Riad Boularaoui, qui requiert un an de prison ferme. Yassine Ouezaâ, lui, inflige la moitié de la peine sur le siège, histoire de donner l'exemple car la salle était ce dimanche bondée, pleine à craquer, et donc l'écho du verdict va noyer toute cette assistance qui va désormais apprendre que la drogue n'est pas bonne à fréquenter, qu'elle mène droit vers la mort ou pire...l'emprisonnement pour un bon bout de temps, sans compter les ennuis émanant de l'entourage et d'une société qui ne pardonne pas.