Le récidiviste n´avait aucune chance en comparaissant à El Harrach, juridiction qu´il vaut mieux éviter en cas d´inculpation portant sur le trafic de drogue. Maâmar F. est un natif de Khemis Miliana. Né en 1982, le jour où Madjer et Belloumi avaient crucifié la Deutchland à Gijon-Espagne lors de la Coupe du Monde, Maâmar est jugé pour détention et commercialisation de stups, grave délit prévu et puni par la loi n° 04-18 du 25 décembre 2004 «relative à la prévention et à la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes». Nadia Bouhamidi, la sympathique présidente de la section correctionnelle du tribunal d´El Harrach (cour d´Alger) va aller droit aux faits en omettant qu´elle a affaire à un individu pris en flagrant délit de possession de came et un récidiviste en la matière. Pourtant, elle avait prévenu d´emblée Maâmar: «Inculpé, votre casier est plus que chargé. Tenez-le vous pour dit. Le tribunal n´est prêt à vous faire aucun cadeau si vous tentez une quelconque diversion. Oui, Maître», demande la juge à Maître Malika Benantar, l´avocate de l´inculpé: «La défense désire un renvoi pour...» «Non, non, je veux être jugé ce mardi!» clame le détenu alors que Faïza Mousrati la représentante du ministère public consulte la loi sur les stupéfiants...La ma-gistrate acquiesce et pose une question qu´attendait probablement Maâmar: «Qu´avez-vous au visage? Ces bleus? Les griffures?» «C´est la police qui m´a mis dans cet état...» «Taisez-vous!» La police n´a pas que vous à se mettre sur les bras. Dites plutôt que cela s´est passé aux «Quatre ha, Non?» Silence, murmures, puis silence avant que le détenu ne lève la main pour achever son accusation...«Ils m´ont accusé de ne pas avoir donné mon vrai non, ma vraie identité et tout cela parce que je n´avais pas de papiers sur moi...» «Et après, vos papiers ont été remis au poste puis au parquet. D´ailleurs, aucun dealer n´est assez futé pour décliner sa vraie identité. C´est jouable mais pas systématique», commente Bouhamidi qui va ajouter que le gros «carré de drogue de soixante grammes n´avait pas été trouvé sur vous, mais à plus de quatre mètres...» «C´est Abderazak M. qui s´en est débarrassé après qu´il eut vu les policiers surgir on ne sait d´où...», se défend le détenu. «Et les quatre millions de centimes retrouvés dans une de vos poches?», demande la juge qui prend pour une rigolade la réponse: «C´est le produit de la vente d´agrumes!». «C´est vrai. Avec une trentaine de cageots, ça peut rapporter gros, mais on ne vous a pris qu´avec deux cageots à vos côtés...», rétorque la magistrate qui prie la procureure de requérir. «Sur la base de l´article 17 de la loi sur la prévention et répression de l´usage et du trafic de drogue, nous réclamons une peine de dix ans de prison ferme.» Maâmar a failli tomber. Maître Benanttar plaide le doute et s´accroche effectivement au fait que la came avait été ramassée à plus de quatre mètres de Maâmar. «Les policiers l´ont-ils vu s´en débarrasser? Non. Y a-t-il un seul témoin qui l´ait vu? Non. Madame la présidente, le doute plane et joue en faveur de mon client qui est certes, tout droit un récidiviste mais pas dans ce dossier», avait-elle crié. Sept ans de prison ferme feront réfléchir ce petit dealer à la grande peine.