Amor ignorait qu'il avait dans sa voiture, deux jeunes ayant un rendez-vous avec un...dealer! Amor, Badil et Krimo sont pris dans une voiture où sont découverts 92 g de came traitée et beaucoup de psychotropes en cachets médicaux...Venant de Aïn Taya pour Alger, ils sont arrêtés par pure coïncidence dans la région de Rouiba. Le parquet de cette localité n'ira pas de main morte. Les trois jeunes, dont un était en pleine campagne électorale pour le compte de son paternel tête de liste pour l'APC, ont comparu dimanche dernier face au jeune et austère Yassine Ouezaâ, le président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès). Et ils comparaissent avec un chapelet de délits SVP, outre la détention de came et l'usage, il y a la commercialisation. Les trois délits étant redoutables et redoutés. Mohammed Riad Belaraoui, le procureur va tenter de jouer seul face au redoutable et redouté avocat de Dar El Beïda, Maître Benouadah Lamouri qui adore évoluer dans les eaux claires de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, avec ses redoutables articles sur la détention, l'usage et la commercialisation. «Des articles de loi qui vont jusqu'à vingt ans d'emprisonnement ferme si le trafic de drogue est prouvé à la barre.» Les détenus, eux, encore «out» sous l'effet de la détention préventive vont s'adonner à un jeu du: «Ce n'est pas moi, c'est l'autre, à propos de la drogue trouvée dans le véhicule où se trouvaient les trois gus.» Et à ce jeu, le jovial juge de Rouiba est plutôt fortiche et imbattable. Il a l'art de savoir les bonnes questions pour obtenir au moins le minimum de la vérité. La vé-ri-té! Ah, ce mot cher à tout justiciable digne ou encore à tout magistrat honorable qui sourit à la seule prononciation de ce mot-canon! Belaraoui, l'austère procureur, lui, semble plutôt timoré lorsque ce vieux renard des juridictions plaide. Car il faut le souligner pour le plaisir d'apprendre autour des «petits» secrets de certains avocats, Maître Lamouri sait crier au bon moment, s'écrier lorsqu'il le faut ou encore faire le dos rond lorsqu'il est à cours d'arguments. Et dans ce contexte de «p», «tits» secrets, l'avocat va sortir de sa gibecière un truc qui va attirer l'attention de tous, y compris celle de Ouezaâ en grande forme en cette fin d'année. Il va raconter les conditions. Son client, Amor Abid, a été interpellé avec ses deux compagnons de route et surtout ce qu'il faisait en route. Calmement, le défenseur allait s'étaler sur la vérité qui est que ce... «gosse» Amor était en train de faire la campagne électorale de son paternel candidat au poste de président de l'APC du coin. «M.le président, vous avez largement l'autorité et le pouvoir discrétionnaire de penser un instant que ce gamin n'avait en tête que le succès de son papa, pas la commercialisation de came. Oui, il avait une centaine de grammes de drogue et des cachets psychotropes et personne n'est capable de dire, 'cette marchandise empoisonnée à qui appartient-elle?''.» Si la drogue a été mise dans l'auto ce n'est certainement pas à lui, surtout que l'un d'eux a mis en cause Krimo qui aurait utilisé son portable pour appeler quelqu'un à qui il avait fixé un rendez vous quelque part...», s'est écrié le conseil qui n'a pas omis de préciser à haute voix que son client s'était trouvé mêlé à ce délit par accident et mieux, par pure coïncidence. Et le vieil avocat de sursauter en prenant son client par la nuque: «Regardez-le M.le président: Regardez la tête et la personnalité de mon client. Il est victime d'une erreur. Il a un casier vierge. Il est blanc comme neige. Corrigez cette erreur en le relaxant purement et simplement surtout que l'enquête préliminaire a prouvé largement qu'il n'y était pour rien. Il était certes au volant du véhicule où se trouvaient par hasard deux jeunes dont l'un d'eux avait sur lui le poison. Il ignorait même que ces deux gus avaient un rendez-vous avec des dealers et quelqu'un qui ignore est nécessairement innocent», a conclu Maître Lamouri qui a fait une moue éloquente lorsque l'excellent juge venait de prendre acte du traditionnel mot prononcé par les trois inculpés qui risquent une peine d'emprisonnement ferme de huit ans chacun. Et ici, lors de sa longue et fouillée plaidoirie, le défenseur avait mis le doigt sur l'impair commis par le représentant du ministère public qui n'a même pas cherché à requérir selon la gravité de l'acte commis par l'un ou les autres. Visiblement, le conseil a axé tous ses efforts et sa concentration sur ce que n'a jamais fait Amor, ce «gamin» qui festoyait au volant une éventuelle éclatante victoire de son papa et qui s'est rapidement retrouvé incarcéré, interrogé, poursuivi, et peut-être même montré du doigt dans la région du littoral Est de la capitale. En attendant, le défenseur ne peut qu'espérer que Yasmine Ouezaâ a réussi à dénicher qui a fait quoi des trois jeunes inculpés...