Il est vrai que le gouvernement Berlusconi a tout à craindre d'une attaque surprise. La police italienne a arrêté une cellule d'islamistes qui seraient liés au groupe Ansar El Islam, lui-même lié au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), hier, à Florence, au nord de l'Italie. Ces islamistes, d'origine maghrébine, au nombre de cinq, sont suspectés par la police italienne de recruter des kamikazes pour aller combattre et commettre des attentats-suicide en Irak, contre les forces américaines, principalement. «Nous avons démantelé une cellule d'Ansar El Islam liée au Gspc algérien, qui a des liens étroits avec Al-Qaîda», a déclaré le chef de la police de Gênes, Oscar Fiorolli, lors d'une conférence de presse. Il s'agit de quatre Tunisiens et d'un Algérien de 34 ans, Rachid Mahamri, imam de la mosquée de Sorgane, dans le chef-lieu toscan. D'après l'Agence France Presse, qui cite la radio publique italienne, Rachid Mahamri, qui est vraisemblablement le chef du groupe, de-vait prendre la place de Moha-med Rafik, un imam marocain de Gémone, re-cherché par les autorités marocaines pour son implication dans les attentats de Casa-blanca en 2003 et arrêté en Italie. L'Italie, qui avait accepté dans un premier temps d'extrader au Maroc Mohamed Rafik en 2003, semble temporiser quelque peu en attendant la poursuite de l'enquête sur les présumées cellules terroristes dans la péninsule. Le mois dernier, les autorités italiennes avaient annoncé enquêter sur des liens entre un islamiste du nord de l'Italie et le Groupe islamique combattant marocain (Gicm), au coeur de l'enquête sur les attentats du 11 mars à Madrid et des attentats de Casablanca. En novembre dernier, les autorités italiennes avaient démantelé un vaste réseau européen, également soupçonné d'avoir recruté des moudjahidine pour le compte d'Ansar El Islam et arrêté cinq personnes soupçonnées de jouer un rôle central dans cette organisation. Selon le ministre de l'Intérieur, Guiseppe Pisanu, seulement 71 personnes ont été arrêtées en 2003 pour liens présumés avec le terrorisme international. Après la rupture des relations des derniers éléments européens avec le GIA de Zouabri, qu'ils accusaient d'exactions et atrocités envers le peuple algérien, les islamistes des réseaux actifs se sont soit dissous dans des organisations transnationales, type Al-Qaîda, soit intégrés au Gspc, qui s'est révélé être le nouveau champion du salafisme en Algérie, soit ont regagné les soucis quotidiens de la vie civile. A partir de 2001 et notamment après les événements du 11 septembre, beaucoup de cellules opérationnelles du Gspc ont été démantelées en Espagne et en Grande-Bretagne notamment. Très implanté dans les maquis du Nord algérien, le Gspc, avec près de 380 hommes armés «opérationnels» et des milliers d'éléments constituant les réseaux de soutien, est actuellement le plus important groupe islamiste armé en Algérie. Bénéficiant du discrédit jeté sur le GIA, il a brassé large dans les milieux islamistes en Europe et ses liens avérés avec l'organisation Al-Qaîda lui confèrent un surplus de force et de crédibilité dans les milieux actifs en Europe.