Nouvelles révélations impliquant des soldats britanniques dans les mauvais traitements infligés aux prisonniers irakiens. En février de cette année, le Cicr (le Comité international de la Croix et du Croissant rouges) avait fait parvenir au gouvernement britannique, plus précisément aux services du Premier ministre à Downing Street à Londres, un rapport accablant dans lequel était mise en évidence la manière brutale avec laquelle les soldats de Sa Gracieuse Majesté traitaient leurs prisonniers. Ce qui est étonnant, c'est que le Premier ministre britannique, Tony Blair, puisse affirmer n'avoir pas vu ou pris connaissance de ce document, alors même qu'il révélait des pratiques dégradantes que la morale réprouve, commises par des militaires britanniques en mission d'occupation en Irak. Enfonçant le clou, Amnesty International a, à son tour, fait, hier, état du mauvais traitement subi par des prisonniers irakiens sous responsabilité britannique. Devant le faisceau de preuves apportées tant par les organisations internationales humanitaires et de défense des droits de l'Homme que par la presse britannique, le secrétaire à la Défense, Geoff Hoon, a tenté, assez maladroitement à la Chambre des Communes, de mettre en doute, les affirmations, notamment ceux de la presse, quant à l'implication de militaires britanniques dans les brutalités et humiliations commises à l'encontre des prisonniers irakiens. Réagissant aux propos de M.Hoon, Piers Morgan, rédacteur en chef du Mirror, l'un des premiers tabloïds britanniques a avoir dévoilé le scandale, a estimé que «les commentaires de Geoff Hoon sur ces photos ont évidemment pour but de détourner l'attention d'un problème beaucoup plus important et beaucoup plus grave (...), à savoir les sévices infligés à des détenus irakiens par les troupes britanniques». Très précis, le rapport d'Amnesty international indique que «les soldats britanniques ont ouvert le feu et tué des civils dans le sud de l'Irak dans des circonstances où apparemment ceux-ci ne constituaient aucune menace imminente» soulignant: «Dans nombre de ces cas, l'armée britannique n'a même pas ouvert une enquête». En fait, selon les organisations humanitaires et de défense des droit de l'Homme, les armées américaine et britannique utilisaient systématiquement la brutalité et les mauvais traitement pour avoir des aveux. Le Cicr décrit l'une de ces méthodes consistant, indique l'organisation humanitaire, à: «laisser des prisonniers entièrement nus dans des cellules en béton totalement vides et dans l'obscurité totale, semble-t-il pendant plusieurs jours». Semblant trouver ces pratiques dégradantes, pour la personne humaine, légitimes, la coalition répond à ces accusations en affirmant que ces «pratiques» «font partie du processus». Un processus fondé ainsi sur le fait d'humilier le prisonnier pour lui «casser le moral» et l'amener à faire des aveux. C'est celle-là donc la liberté que le duo américano-britannique comptait inculquer aux Irakiens? De fait, selon des responsables des renseignements américains, cités par le rapport du Cicr, «entre 70% et 90% des détenus sont arrêtés par erreur». C'est-à-dire qu'ils ne sont ni terroristes ni guérilleros mais des citoyens arrêtés dans le tas et qui font les frais de pratiques déshonorantes, les soldats semblant fonder leur appréciation sur le faciès. Ce qui fait que tous les Irakiens, selon le principe appliqué par Israël aux Palestiniens, sont des terroristes potentiels. Elle est belle la démocratie américaine Mais, la glissade dans l'horreur ne semble pas s'arrêter là, qui fait que l'Unicef, organisation des Nations unies spécialisée dans l'enfance, jette à son tour un cri d'alarme dans une déclaration de son porte-parole, Damien Personnaz, lequel indiquait hier à Genève que «L'Unicef est profondément troublée par des informations selon lesquelles des enfants auraient pu faire partie des victimes de mauvais traitements dans les prisons et les centres de détention en Irak». Ces faits, s'ils étaient avérés, seraient très graves car les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, en tant que puissances occupantes - qualification que leur donnent les Nations unies - sont tenues de veiller à faire respecter par leurs forces armées les lois internationales en la matière d'autant plus que, comme le rappelle M.Personnaz, «le droit international prohibe tout mauvais traitement à l'encontre d'enfants en détention et stipule que l'incarcération de mineurs ne doit être qu'une mesure de dernier ressort et d'une durée la plus brève possible». Et le même de préciser que l'Unicef n'avait pas reçu de réponse de la part de la coalition à sa demande d'entraîner les soldats «à la protection des mineurs en détention en temps de conflit». En fait, les rapports des organisations humanitaires et de défense de droits de l'Homme et les témoignages de la presse et des médias américains et britanniques, unanimes sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers irakiens, indiquent que les forces d'occupation américano-britanniques se trouvent aujourd'hui aux frontières du crime de guerre si elles n'y sont pas en plein dedans.