Pour bien faire saisir le sens et la portée de la privatisation, le ministre de la Participation s'investit sans compter dans les débats publics. Lundi soir, il était sur le plateau de Canal Algérie où il a, une nouvelle fois, aidé à la compréhension de ce qui attend les 1400 entreprises publiques du pays. Au terme «privatisation», le ministre préfère utiliser «ouverture du capital» ou «prise de participation», car, argumente-t-il, la dernière ordonnance adoptée n'autorise pas une privatisation à 100%. Dans ses dispositions la loi prévoit qu'en cas de privatisation totale de l'entreprise, 10% du capital devrait obligatoirement revenir au collectif des travailleurs. Un privilège qui démontre le souci de l'Etat de ne pas exclure cette frange du processus en cours. Ce n'est pas le seul puisque, au cours des négociations avec les repreneurs, il sera toujours posé comme première condition l'obligation de n'avoir pas recours au licenciement. Comme c'était le cas à El-Hadjar et pour l'ENAD dans son partenariat avec Henkel, et c'est justement cet aspect de la démarche gouvernementale qui a incité l'UGTA à adhérer totalement à la privatisation qu'elle reconnaît d'ailleurs être incontournable. De plus la Centrale syndicale a pleinement participé à l'élaboration des textes de l'ordonnance relative à la privatisation. Donc, il est clair que le déroulement de «la mise sur le marché» des entreprises publiques se fera sans accroc majeur et à un rythme soutenu. Tout en se donnant le temps nécessaire sans enfermer l'opération dans des délais précis. D'autant que le processus avait déjà commencé avant même la promulgation de la nouvelle loi. C'est ce que Boukrouh appelle « la privatisation silencieuse » en citant les cas de l'ENAD et d'El-Hadjar. «Ne seront privatisées que les entreprises qui pourront l'être», a affirmé Boukrouh pour signifier l'attractivité nécessaire à exercer sur les partenaires potentiels. C'est une lapalissade que de dire qu'une entreprise non rentable n'attirera aucun repreneur. A ce type d'entreprise, une seule solution : la dissolution. En revanche, celles qui présentent des difficultés conjoncturelles, mais dont le marché est prometteur seront aidées et leur situation financière assainie. Un assainissement réel par comme celui qui, par le passé, consistait à transformer l'endettement en crédit à moyen et long termes. Un «boulet» qu'a dénoncé M.Benyounès, P-DG du groupe cuir, présent sur le plateau. Quoi qu'il en soit, plusieurs formules de privatisation sont prévues dont le choix sera adapté à chaque cas. Du contrat de management à la privatisation totale en passant par le gré à gré. Ceci dit, il va falloir faire vite pour certaines entreprises qui ne manqueront pas de connaître des difficultés supplémentaires avec l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions douanières contenues dans la loi de finances 2002. Le prix à payer pour préparer l'adhésion de notre pays à l'OMC. Même si tout est fait pour la préservation de l'emploi, voire la création d'emplois les temps seront durs pour les entités qui ne parviendront pas à s'insérer dans le mouvement concurrentiel du marché. Ce sera certainement le cas pour beaucoup d'entreprises relevant du secteur du cuir tel que l'a annoncé M.Benyounès. La conjugaison de l'autorisation d'exporter les peaux brutes et de l'importation de produits finis laissera «sur le carreau» des entreprises du secteur. Surtout si l'on ajoute le niveau de qualité de la production nationale. Ainsi le décor pour une réelle relance économique est planté. N'y évolueront que les acteurs imaginatifs et performants. A quelque chose malheur est bon.