Plus de 98 assassinats et 20 bombes - désamorcées ou qui ont explosé - ont été enregistrés depuis le début de l'année, avec une nette régularité dans les attentats et les assassinats depuis le milieu du mois.- Chiffre plus qu'inquiétant et qui appelle à des lectures diverses. Tout d'abord, il faut noter que les bombes soigneusement dissimulées dans des sacs ou des cartables, et déposées de préférence aux arrêts de bus, sont la nouvelle méthode utilisée par les groupes armés ou leurs réseaux urbains. Ces attentats, perpétrés dans Alger et sa proche périphérie (Rouiba, Aïn Taya, La Concorde, Larbaâ, Koléa, etc.) renseignent sur deux choses : le retour des GIA aux anciennes pratiques, à savoir les attentats à la bombe, dans des lieux publics et les bombes rudimentaires qui ont explosé ou ont été désamorcées, et la guérilla urbaine. Désormais, ce sera à cette guerre et non à une autre, que les services de sécurité devront se préparer. Les mutations auxquelles ont procédé les groupes armés ont été dictées par les graves revers qu'ils ont subis lors des ratissages militaires. Aujourd'hui, il faut revenir au renseignement traditionnel, seul capable de «réveiller les réseaux dormants», des poseurs de bombes. Autre donne d'importance: la guérilla qui se transpose de l'Ouest vers le Centre et l'Est. La fin de l'année 2001 avait consacré l'hégémonie des groupuscules terroristes séparatistes d'avec le GIA, et on avait assisté à un débordement ébouriffant des actes terroristes à Sig, Mohammadia, Mascara, Relizane, Chlef, Tiaret, etc. Aujourd'hui, le danger s'articule autour de la capitale, sans pouvoir y pénétrer en force. A l'Est, les assassinats et les attentats à la bombe prennent une allure quasi quotidienne. Est-ce l'oeuvre du Gspc? Ou alors celle du groupe qui se serait détaché du Gspc? Car ne perdons pas de vue que tous les groupes de l'Est (de Jijel à Tébessa) ont été affiliés au GIA avant de prêter allégeance à Hassan Hattab. Enfin, dans la région kabyle (Tizi Ouzou notamment) on assiste à un accroissement des assassinats ciblés. Depuis quelques semaines, cette région est littéralement sous tension dès que la nuit tombe. L'approche des élections, l'hégémonie du Gspc, la radicalisation des positions des maximalistes des ârchs y sont les pôles dominants. Quoi qu'il en soit, de profondes mutations ont touché la configuration des groupes armés et terroristes, et il existe de fortes chances pour que les événements prennent des tournures encore plus dramatiques.