Il ne fait plus de doute qu'Israël a remis en selle l'apartheid alors que l'on pouvait estimer que ce chancre du XXe siècle a été définitivement éradiqué avec la disparition de ses tenants en Afrique du Sud. Ce n'est point le cas car le voile se lève de plus en plus sur des pratiques que la morale et le droit international condamnent. Ainsi, l'expert indépendant du Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH-ONU) pour les territoires palestiniens, Richard Falk, a mis en exergue la politique d'Israël dans les territoires palestiniens occupés, qui a, dénonce-t-il, tous les distinctifs de «l'apartheid» et du «nettoyage ethnique». L'Américain Richard Falk, a en outre, accusé l'Etat hébreu «d'efforts systématiques et continus pour changer la composition ethnique de Jérusalem-Est», par le «recours excessif à la force», à la «punition collective» à Ghaza, comme la destruction d'habitations et l'amplification de constructions de colonies. Aussi, la «discrimination» d'Israël dans les territoires palestiniens, et notamment à Jérusalem-Est, est «systématique» affirme l'expert. Le témoignage de l'expert indépendant américain, est corroboré par un ancien officier israélien, Yehuda Shaul, qui a créé en 2004 l'organisation non gouvernementale (ONG) Breaking the silence (briser le silence). Cet officier affirme que sur le terrain «les opérations militaires servent systématiquement à l'annexion de territoires, à la dépossession de la population, en répandant la peur». Israël considère ainsi près de 5 millions de Palestiniens comme des terroristes en puissance, qui «constituent une menace pour les forces de sécurité et les citoyens israéliens». Et Yehuda Shaul de relever que «maltraiter les Palestiniens aux check-points, confisquer leurs biens, infliger des punitions collectives, modifier ou interdire des routes d'accès, changer de façon arbitraire les règlements, tout cela fait partie de la «prévention»». C'est exactement la politique d'apartheid, condamnée universellement, pratiquée par le gouvernement afrikaner sud-africain contre les Noirs et les Métis sud-africains, qui est reprise par Israël contre les Palestiniens. C'est là le témoignage d'un officier israélien qui ne souffre d'aucune ambiguïté apportant la preuve de pratiques que la communauté internationale avait, en son temps, justement et fermement réprouvées. Cela sans revenir sur les crimes de guerre de «l'opération Plomb durci» contre la bande de Ghaza (2008-2009) ou encore le massacre de Jenine en 2002. Aussi, comment se fait-il que ladite communauté internationale continue d'observer un improbable silence, tant sur les massacres de Palestiniens, que sur la ségrégation mise en oeuvre contre le peuple palestinien? Un silence à la limite de la complicité avec l'entité sioniste, alors que le peuple palestinien est en danger de disparition. En près de cinquante ans d'occupation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, Israël s'est attelé à modifier les caractères géographique et humain de ces deux territoires palestiniens afin de rendre inexécutable l'édification d'un Etat palestinien, viable et fiable. En conséquence, les négociations ré-initiées, par les Etats-Unis, censées aboutir, avant le 29 avril prochain, à un «accord-cadre» sont insignifiantes dès lors que, parallèlement aux pourparlers, Israël s'active à renforcer l'implantation de colonies et leur expansion en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, de concert avec des raids meurtriers contre les Palestiniens. Personne et surtout pas le parrain américain, ne peut dire qu'il ne sait pas, ou ne savait pas. Israël vient encore de montrer sa mauvaise foi en approuvant la construction de 2500 logements en Cisjordanie. Et c'est le Premier ministre israélien qui accuse les Palestiniens d'entraves à la paix. Que va encore dire le médiateur américain, John Kerry qui jusqu'ici n'a rien vu et rien entendu? Va-t-il continuer à minimiser l'impact des décisions d'Israêl sur le processus de paix? Ou va-t-il poursuivre ses pressions sur les Palestiniens afin de les amener à plus de concessions tout en veillant à ne pas «fâcher» l'irascible allié des Etats-Unis? L'ONU ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est par Israël comme elle déclare sans valeur légale les colonies en Cisjordanie, et réitère - résolution 3236 (XXIX) - les droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à l'indépendance et à la souveraineté nationale. Est-il admissible qu'un Etat (Israël) membre de l'ONU, puisse tenir en échec la communauté des nations et rende inexécutables les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité? Aux pays qui protègent le nouveau tenant de l'apartheid, Israël, d'y répondre. Il y va de la survie d'un peuple.