Cette série de poursuites judiciaires-acquittements a commencé lorsque la Siffan s'est mise en branle en entamant l'expulsion des occupants de l'immeuble. Les résidents de l'immeuble litigieux du boulevard de la Soummam continuent à arracher des victoires aux dépens de la Société immobilière et financière pour la France et l'Afrique du Nord qui est déboutée dans toutes ses plaintes faites jusque-là devant les services judiciaires algériens. La dernière en date remonte à hier lorsque le tribunal correctionnel d'Oran a rendu son verdict en acquittant le président de l'association de l'immeuble, M. Mourad Ghozali. Ce dernier a été poursuivi, par la Siffan du groupe Mehri pour diffamation et violation de propriété privée. Son procès a eu lieu la semaine dernière. L'avocat général a, dans son plaidoyer, requis deux années de prison ferme. Mourad Ghozali a donc «répondu» de ces actes le 19 du mois en cours devant le tribunal d'Oran. À l'origine de cette plainte, les banderoles placardées par l'association sur la façade principale de l'immeuble. Cette victoire survient après celle arrachée par Sonia Belhadi qui a été poursuivie, elle aussi, par le même groupe pour l'expulser. La deuxième plainte a été déboutée par le tribunal d'Oran lorsque la Siffan demandait, par le biais de la justice, l'invalidation de l'association de l'immeuble du boulevard de la Soummam. Cette série de poursuites judiciaires ponctuée par des auditions, procès, mise en délibérés et enfin acquittement a commencé lorsque la Siffan s'est mise en branle en lançant une démarche dépassant tous les seuils de l'entendement, à savoir l'expulsion des habitants de l'immeuble qu'ils occupaient pendant plusieurs décennies. Ces derniers ont, dans une premiere riposte énergique, affiché une forte résistance en se maintenant sur les lieux tout en dénonçant, aussi bien Mehri et son groupe que la Société immobilière et financière pour la France et l'Afrique du Nord, Siffan. Les résidents ont, comme première action, créé une association avant d'observer, au nom de leur union, un sit-in de protestation. Dans toute cette cabale, le point de discorde repose autour d'un immeuble que ses occupants ont démontré symétriquement que Mehri a usé de toutes les ruses pour accaparer le bâtiment en question. Dans leurs démarches, ils ont pu acculer cette société en lui exhibant toute la paperasse indiquant formellement que «la Siffan n'est aucunement propriétaire du bâtiment». Et de ce fait, «il n'est d'aucun droit et d'aucune forme qu'ils soient chassés de chez eux après avoir occupé leurs appartements pendant de longues années tout en s'acquittant des quittances de l'eau, de l'électricité et autres frais liés à l'entretien des lieux». «Nous sommes résidents de cet immeuble depuis 1957», a affirmé Zeghmini Samir, menacé lui aussi d'expulsion. Dans son avant-dernier acte, la Siffan a perdu sa bataille judiciaire actionnée contre une femme, Sonia Belhadi. La Siffan, cette société française qui a vu le jour durant l'époque coloniale n'a donc pas à revendiquer la propriété de l'immeuble tant qu'elle ne détient aucun acte de propriété. Les registres domaniaux indiquent formellement que le bâtiment n'est pas une propriété d'une quelconque entité. Plus loin encore, la même société ne figure pas sur les fichiers du registre national du commerce (Cnrc). Les habitants de l'immeuble indiquent que «le négatif, cette autre pièce à conviction retirée des services des Domaines, prouve que l'immeuble n'est la propriété de personne». Contactés à plusieurs reprises par plusieurs quotidiens, dont L'Expression, les responsables de la Siffan se sont murés dans la silence.