«Comment interpréter le fait de recourir à la justice pour demander la dissolution de notre jeune association créée le mois de septembre 2013?». Les habitants de l'immeuble du 11 boulevard de la Soummam ont, par le truchement de leur association, récidivé hier en tenant une conférence de presse dans laquelle ils sont revenus dans leur affaire les opposant au Groupe Mehri et sa filiale immobilière Société immobilière et financière pour la France et l'Afrique du Nord, Siffan. Le président de l'association, Mourad Ghozali, s'est, après avoir pris la parole, lancé en retraçant l'historique de l'immeuble et les différents péripéties ayant opposé les occupants de la bâtisse au Groupe Mehri. «Nous vivons dans cet immeuble depuis plus de 50 ans», a-t-il affirmé ajoutant que «depuis 20 ans, nous vivons une situation dramatique marquée par les harcèlements, les intimidations et l'injustice perpétrés par la Siffan». «Nous menons notre combat pacifique en utilisant tous les moyens, dont les sit-in de protestation et la grève de la faim», a-t-il lancé. Que se passe-t-il réellement dans cet immeuble? Le président de l'association qui indique que «notre combat prendra effet jusqu'à l'obtention de gain de cause» a, sur un autre registre, affirmé que «toute la problématique réside dans la volonté affichée par la Siffan de nous expulser arbitrairement de notre immeuble qui n'est pas propriété de Mehri, quitte à bafouer la réglementation et les institutions d'Etat qui ont délivré l'agrément de notre association». «Sinon comment interpréter le fait que le Groupe Mehri, par le biais de la Siffan, ait recouru à la justice dans une requête à travers laquelle il a demandé la dissolution de notre jeune association qui a été créée le mois de septembre 2013?» s'est-il interrogé. «Le mal est fait, notre riposte sera dure», semblent vouloir dire les habitants de l'immeuble, en présence des représentants locaux de la Ligue des droits de l'homme, venus, eux aussi, dénoncer «le fait d'avoir attenté au mouvement associatif dont la finalité recherchée est de chasser les véritables propriétaires d'un bâtiment tant convoité par Siffan alors qu'il ne détient aucun titre attestant sa propriété du bâtiment». «Le rejet par la justice de la requête déposée par Siffan explique que le plaignant ne détient pas les papiers lui permettant de postuler à la propriété de la bâtisse». Pour les résidents de l'immeuble, la bataille est ouverte sur plusieurs fronts, à commencer par l'observation des sit-in de protestation devant les services domaniaux d'Oran. Une action judiciaire contre ce service est à même en vue «Nous allons ester les Domaines en justice», a annoncé Mourad Ghozali. Et à Kadiri Abdellatif, secrétaire général de l'association, d'enchaîner en déclarant que «notre combat se poursuivra jusqu'à la régularisation par les domaines de notre situation». Ce qui semble motiver les habitants de l'immeuble à passer à l'offensive est l'absence d'un acte devant définir le détenteur réel du bien en question. Aussi, la loi algérienne est explicite dans ce chapitre en cédant la gestion de l'Etat aux services domaniaux. «Nous détenons un document qui indique que Mehri, quoiqu'il a hypothéqué par le Groupe Mehri auprès de la banque BNA de Bordj El Kiffan au coût de 350 milliards de centimes sans pour cela accompagner son projet par un quelconque papier démontrant qu'il est détenteur du bâtiment», a affirmé Kadiri qui a ajouté que «le négatif, cette autre pièce à conviction retirée des services des Domaines, prouve que l'immeuble n'est la propriété de personne». Les documents ont été remis à L'Expression et l'ensemble des journalistes présents à la conférence. Et d'ajouter que «la Siffan a agi illégalement, d'autant que cette société a, qui n'existe plus dans les fichiers de la Chambre de commerce (Cnrc) depuis 1980, à l'époque coloniale, été prestataire de services et non pas propriétaire de bâtiment»