Les premiers rounds de la bataille judiciaire ont donné raison à l'occupant de l'immeuble, tandis que l'Assemblée de Dieu d'Oran n'a pas lâché prise en revenant à la charge. Le tribunal administratif de Pau, qui a pris en considération les accords d'Evian, s'est déclaré incompétent quant à traiter une affaire peu ordinaire, fomentée de toutes pièces par un couple français qui a résidé dans la ville d'Oran avant de la quitter quelques jours après le recouvrement de la souveraineté nationale, en 1962. Le verdict a été rendu mardi dernier. Le couple, septuagénaire a, dans sa trouvaille, déposé plainte contre l'Etat pour crime à l'humanité. Le couple qui a quitté l'Algérie, plus précisément, la ville d'Oran après quelques semaines qui ont suivi la signature des accords d'Evian, demandait 9 millions de dommages et intérêt. Le tribunal a suivi les conclusions du rapporteur public qui avait estimé que l'instance judiciaire ne pouvait juger des faits liés à un accord international. Une telle décision émanant du tribunal français de Pau ne laisse aucun doute quant à la conviction de ses juges sur la nécessité de ne pas toucher à un accord mettant fin à la colonisation française de l'Algérie. Contrairement à la justice algérienne qui a grâcié une association religieuse coloniale, Assemblée Dieu d'Oran, en lui donnant gain de cause dans une affaire qui n'a pas lieu d'exister si l'on se réfère au droit international et à toutes les lois de la République algérienne. L'Assemblée de Dieu d'Oran, motivée sans aucun doute par des motivations d'ordre colonialiste, est revenue par la grande porte, 50 ans après avoir quitté l'Algérie par la petite porte. La justice algérienne lui a donné le quitus quant à revenir pour occuper un immeuble qui revient de droit à l'Etat algérien tout en chassant son occupant qui n'est autre qu'un descendant du chef spirituel de l'insurrection de 1871, à savoir cheikh Belhadad. L'immeuble est situé en plein centre-ville d'Oran, très exactement dans la rue Sebti (quartier Saint-Pierre). Il a été occupé par Nasseur Hadad depuis 1963. Début 2000, l'association religieuse, qui n'est pas affiliée à l'Evêché d'Oran, a manifesté sa volonté à récupérer la bâtisse en se basant sur un document, acte de propriété, qui remonte à l'époque coloniale. Or, la bâtisse revient de droit et incontestablement aux biens de l'Etat algérien. 13 années d'une guerre juridique ayant opposé l'Assemblée de Dieu d'Oran et Hadad Nasseur ont fini par mettre ce dernier à la rue sans que l'Etat algérien ne fasse la moindre intervention! Les premiers rounds de la bataille judiciaire ont donné raison à l'occupant de l'immeuble. L'Assemblée Dieu d'Oran n'a pas lâché prise en revenant à la charge et devant les tribunaux algériens en contestant les premiers verdicts donnant raison à Nasseur Haddad jusqu'à ce que dernier se retrouve, sa famille et lui, sous une tente qu'il a dressée en plein milieu de la rue Sebti Boumarafi, ex-Kimburn. Dans une autre affaire, ce sont les habitants de l'immeuble du boulevard de la Soummam qui continuent à pâtir des aléas d'un conflit qui n'a pas, non plus, lieu d'exister vu que le bâtiment litigieux appartient aux biens de l'Etat. Dans cette affaire, le groupe Mehri revient par le biais d'une entreprise française appelée Société immobilière financière de la France et l'Afrique du Nord, Siffan. Celle-ci estime que le bâtiment Galliéni lui revient de droit. Or, aucun de tous les documents, dont L'Expression détient les copies, n'atteste ce que continue à revendiquer la boîte Siffan. Pis encore, cette boîte qui n'existe pas dans le fichier du registre du commerce algérien, est passée à l'action en expulsant les occupants de l'immeuble Galliéni. Ces derniers résistent tant bien que mal et continuent à dénoncer, à chacune des occasions, les agissements de la Siffan. Quoiqu'ils détiennent toutes les pièces prouvant que la Siffan a outrepassé les seuils de l'entendement, les habitants de l'immeuble crient à l'abandon face au harcèlement judiciaire perpétré et perpétué par une société qui remonte à l'époque coloniale. L'Etat algérien est appelé à intervenir. Sinon, face à sa passivité, les nostalgiques de l'Algérie française ne sont pas restés les bras croisés en tentant de revenir par la grande porte après avoir quitté l'Algérie par la petite porte en 1962.