Alors que tous les observateurs politiques attendaient la récupération du poste de membre de l'APN au Conseil constitutionnel par le MSP, le bureau de l'Assemblée a validé, hier, l'élection tant contestée du député du RND, Mohamed Fadène, à ce poste, assénant un coup sévère, selon lui, aux adversaires du RND et confortant la position de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui entamera la bataille électorale avec assurance. A ce propos, nous avons rencontré M. Fadène, membre du Conseil constitutionnel, qui nous a livré, en exclusivité, ses impressions. L'Expression: Après avoir été contestée, votre élection au Conseil constitutionnel vient d'être validée. A quoi attribuez-vous ces développements? M. Fadène: Après la réunion du bureau de l'APN, qui a programmé la préparation de la session prochaine et l'étude du recours introduit par le représentant du MSP, M. Aïssa Brahimi, concernant mon élection comme représentant de l'APN au Conseil constitutionnel, la décision a été prise par le président de l'APN de valider mon élection. Le vice-président de l'APN, issu du RND, a voté pour, alors que le représentent du FLN s'est abstenu. Seul le MSP a voté contre cette décision. Après quoi, la décision a été prise par l'ensemble du bureau à l'exception du MSP. Il a accepté le recours du MSP dans la forme, comme cela a été présenté, mais l'a rejeté dans le fond. Cette décision a été motivée aussi par le fait que le bureau de l'Assemblée a vérifié les PV et visionné les cassettes enregistrées au niveau de la séance plénière, durant laquelle le représentant du MSP, M. Abderrezak Mokri, a déclaré que son parti se retirait de cette élection. Sur la base de ces données, le bureau a rejeté le recours. Ajoutez à cela que le député MSP a demandé de poursuivre l'élection et de passer au deuxième tour, en validant le premier. Pourquoi le bureau de l'Assemblée a-t-il attendu tout ce temps-là pour valider votre élection, ouvrant la voie à toutes les spéculations? C'est un problème dû au temps et, comme vous le savez, le président de l'APN était en mission à l'étranger, donc, l'examen du recours a été quelque peu retardé. Votre élection va, à coup sûr, couper le souffle à vos adversaires politiques et, notamment, le MSP qui n'a pas cessé de qualifier le RND de parti issu de la fraude. Comment analysez-vous cette situation? Mon parti existe et existera toujours, tant que l'Etat aura besoin de vrais militants qui défendent la notion de République et de démocratie. Donc, le RND restera toujours vivant, tant que l'Etat est là. Je représente une majorité écrasante à l'Assemblée populaire nationale. Elle est l'image de la tendance démocratique et nationale. C'est pourquoi, le RND existe et existera toujours. Le MSP peut-il, après la validation de votre élection, introduire un appel? Il ne peut pas, car c'est la réponse définitive du bureau de l'Assemblée et le dossier est clos. C'est une décision souveraine, elle ne peut être remise en cause. Comment expliquer que le FLN, qui vous a lâché lors des élections précédentes, ait fini par voter pour vous? Le FLN, n'en déplaise à certains, reste notre partenaire politique idéal. Il faut qu'à l'avenir, cette alliance soit de plus en plus consolidée. Le RND a toujours besoin du FLN et le FLN a toujours besoin du RND. Ils doivent assurer la continuité de l'Etat dans le cadre démocratique et national. Pensez-vous que votre élection va donner un nouveau souffle au RND et à son secrétaire général, M. Ahmed Ouyahia? Je ne vous cache pas qu'après cet épisode, le RND sortira renforcé encore plus, car il ne faut pas ignorer qu'il a des objectifs réels qui visent à maintenir un Etat fort, démocratique, national et moderne. Pour ma part, je suis très triste de quitter le RND, car, dès mon installation au Conseil constitutionnel, je deviens apolitique, soumis à un droit de réserve, qui m'empêchera de me rapprocher de ma deuxième famille : le RND. Ce qui est, pour moi, une perte et c'en est aussi une perte pour le RND d'avoir perdu un cadre. Mais, en revanche, c'est un acquis pour l'Etat, car celui-ci passe avant mon parti. Quand je sers l'Etat, je sers indirectement mon parti. La validation de votre élection intervient après que Ouyahia eut déclaré, dans un communiqué, qu'il n'y avait aucun problème entre lui et le président de l'APN, M. Bensalah... Je peux en parler et croyez-moi, je suis bien placé pour le dire, puisque je suis aussi proche d'Ouyahia que de Bensalah. Il n'y a aucun malentendu entre les deux hommes, bien au contraire, ils s'estiment beaucoup. C'est seulement une campagne médiatique qui avait pour but de déstabiliser l'Assemblée. Je vous assure, encore une fois, en tant que proche des deux personnes, qu'il n'y a aucun problème entre les deux hommes.