Beaucoup dénoncent ce qu'ils qualifient de politique des deux poids, deux mesures, aappliquée par les entreprises publiques productrices de la matière première. Nous avions dans une de nos précédentes éditions évoqué les difficultés vécues par les javelleries de l'Ouest. Nous pensions alors que le problème était spécifique aux petites unités de cette région. La réalité est aujourd'hui toute autre puisque, des quatre coins du pays, des fabricants se sont manifestés pour dire qu'une véritable menace pèse sur ce secteur. Beaucoup dénoncent ce qu'ils qualifient de politique des deux poids, deux mesures, appliquée par les entreprises publiques productrices de la matière première (l'hyperchlorite de sodium) et qui profite à une minorité de privilégiés qui se sont improvisés fournisseurs, profitant de la sorte de la crise qui secoue le secteur. Tout a commencé au mois de janvier 2004, quand la Soalchlor a décidé la mise en application du décret n°97/254 relatif aux autorisations préalables à la fabrication et l'importation des produits toxiques ou dangereux. Ce décret est venu remettre de l'ordre dans une activité marquée par l'intrusion de plusieurs individus qui y ont semé le désordre. Les producteurs de Javel se soumettent à cette nouvelle réglementation pensant qu'en se mettant sous la protection de la loi, ils allaient se mettre à l'abri des intermédiaires et autres spéculateurs. Malheureusement, c'est à ce moment que commencent leurs ennuis avec la bureaucratie. Le dossier pour la demande d'autorisation préalable, défini par le décret 97-254 du 8 juillet 1997, s'est avéré être un véritable parcours du combattant. Outre une photocopie du registre du commerce, le producteur est tenu de produire des résultats des analyses de conformité de son produit en plus d'autres documents fiscaux. Cet écueil dépassé, les producteurs doivent attendre alors, l'aval du Centre algérien de contrôle de la qualité (Cacq), censé délivrer cette autorisation. Mais, manque de pot, la commission qui siège pour l'octroi de ce dossier est arrivée au terme de sa mission et le renouvellement de sa composante tarde à venir : «Nous proposons aux pouvoirs publics de reconduire temporairement l'actuelle composante pour permettre l'étude des demandes en suspens», diront des producteurs du centre du pays. Et là où le bât blesse, c'est la transgression des dispositions du décret 97/254 qui stipule dans son article 8 que les services de la DCP doivent notifier au producteur, une réponse (refus ou autorisation) à sa demande dans un délai n'excédant pas 45 jours, délai qui ne peut être prorogé que de 15 jours. Mais depuis le mois de janvier, les choses traînent, ouvrant la voie à des spéculateurs, qui profitant d'une vague convention d'achat conclue de gré à gré avec les producteurs payent la matière première à 17,78 DA le kg qu'ils revendent à un prix oscillant entre 50 et 60 DA. «Ces derniers approvisionnés parfois à raison de 20 tonnes par semaine, réalisent de gros bénéfices en usant de manoeuvres spéculatives.» Plus grave encore, nos interlocuteurs citent le cas de fabricants étrangers qui se sont installés dans le cadre du partenariat. «Ils sont soumis au même titre que nous, à l'autorisation préalable, un document qu'il ne sont pas parvenus encore à décrocher, puisque la commission qui le délivre n'a pas siégé depuis janvier 2004. De plus, ils n'ont rien apporté de nouveau au consommateur algérien. Ils fabriquent les mêmes produits que nous à partir d'équipements identiques aux nôtres. Question de transport de technologie il faudra repasser», affirment plusieurs fabricants. Ces derniers n'hésitent pas à dire que l'entreprise Henkel mobilise 80% de la production d'hyperchlorite de sodium de l'unité de production de Baba Ali sans posséder l'autorisation préalablement délivrée par la DCP sur avis du Cacq. «Certains attendent ce document, depuis le mois de juillet 2003. Cette situation menace la viabilité des petites unités surtout celles montées dans le cadre de l'Ansej soumises au remboursement des échéances des crédits bancaires, au paiement des charges salariales, fiscales et autres. Même les anciens producteurs dont le label et la qualité sont connus sont pénalisés aussi», diront des producteurs de l'est du pays qui ont vu leur activité réduite depuis l'arrêt de l'unité de production de Skikda. «Nous demandons l'intervention des pouvoirs publics pour sauver le gagne-pain de milliers de familles, à travers le territoire national. Nous avons déposé des dossiers en bonne et due forme et nous attendons une réponse, nous mettant en conformité avec l'esprit de la loi. Au moment où nous sommes pénalisés, des barons sont en train de s'installer et de faire main basse sur les circuits d'approvisionnement. Cela doit cesser», diront des producteurs. Afin de connaître la version du Cacq, nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre cet organisme, mais sans y parvenir. Après de nombreux coups de téléphone, on nous a proposé de transmettre nos questions par fax, procédure que nous avions utilisée mais sans avoir de réponse.