La situation est de plus en plus tendue dans le pays chiite. Vingt Irakiens ont été tués vendredi par des soldats des forces d'occupation britanniques dans la région de Bassorah. Cela s'est passé lors d'un accrochage entre des éléments de la milice du chef chiite radical et une patrouille britannique au sud de l'Irak entre les villes d'Amara et de Bassorah. Vingt miliciens y ont trouvé la mort, pertes de l'Armée du Mehdi qui viennent s'ajouter aux dix miliciens tués à Najaf dans la même journée et à la trentaine de partisans de Sadr morts à Kerbala mercredi et jeudi. Les forces d'occupation américaine et britanniques ont concentré, depuis quelques semaines, tous leurs efforts à la mise hors d'état de nuire du chef radical chiite Moqtada Sadr, lequel malgré qu'il semble diviser de plus en plus l'opinion chiite conserve néanmoins de solides soutiens dans les deux villes saintes de Najaf et Kerbala lieux de l'attention de la coalition. Il est de fait qu'il existe aujourd'hui, pour la coalition américano-britannique, un problème Sadr qu'il faut, d'une manière ou d'une autre, résoudre. Ce que ne cache pas le plus haut gradé américain en Irak, le général Ricardo Sanchez, selon lequel il faut absolument apporter «une issue rapide à la crise» qui oppose actuellement la coalition au leader radical chiite. Se défendant de vouloir profaner les villes sacrées chiites de Najaf et Kerbala, le général Sanchez indique: «Nous avons deux objectifs: nous devons obtenir que (Moqtada) Sadr se soumette de lui-même à la justice irakienne, et qu'il démantèle sa milice» soulignant: «Il est important pour nous d'apporter la stabilité et la sécurité dans les villes saintes. Nous sommes totalement engagés à respecter la sainteté des mausolées (...) Nous devons mettre un terme au problème (posé par Moqtada Sadr) rapidement». L'officier américain ajoute: «Je crois qu'il y a un noyau de partisans de Sadr. Mais je suis totalement convaincu que les gens du sud du pays, de Najaf, de Kerbala, sont fatigués de cette situation. Ils veulent la paix, ils veulent la réouverture de leurs écoles et de leurs magasins, une vie normale». Toutefois, les Irakiens peuvent-ils avoir une vie normale sous l'occupation, laquelle occupation est accompagnée de domination et d'exactions (cf: le scandale des sévices infligés aux prisonniers irakiens) qui induisent la résistance suivie souvent de violences. De fait, en l'absence de pouvoir légitime irakien, c'est la coalition qui a décrété Moqtada Sadr «hors-la-loi», et cela selon les lois de l'occupation, l'armée américaine restant déterminée à capturer le chef radical chiite «mort ou vif». Aussi en Irak, pays en guerre, ce sont les lois de la guerre qui prédominent et les belles paroles du général Sanchez ne sont, à la limite, que des déclarations à consommation interne qui n'engagent en effet qui ceux qui y croient d'autant plus que Moqtada Sadr est bien actuellement l'homme à abattre en Irak.