Plus trois cents de fidèles de Moqtada Sadr ont été tués par les forces d'occupation dans des affrontements jeudi et hier à Bagdad, Bassorah, Samarra et Nadjaf. Après avoir marqué une pause dans leurs actions contre les forces de l'occupation, les chiites se sont révoltés à nouveau contre les soldats américains et britanniques. À Nadjaf, cinq roquettes sont tombées lors de la même journée sur l'hôpital de la ville, causant la mort d'un médecin et faisant plusieurs blessés. L'on signale aussi que le minaret du mausolée de l'Imam Ali a été endommagé lors des violents affrontements qui ont mis aux prises les forces d'occupation aux partisans chiites du jeune imam Moqtada Sadr, en début de matinée. Hier matin encore, l'aviation américaine pilonnait le centre-ville et le cimetière où s'étaient repliés des partisans de Moqtada Sadr. L'insurrection a fait tâche d'huile, s'étendant à la capitale, à Samarra et à la seconde ville d'Irak, Bassorah. Dans cette dernière, les militaires britanniques ont été harcelés par les miliciens de l'armée du Mehdi, qui ont déclaré le “djihad” contre l'occupant suite à l'arrestation d'un certain nombre d'entre eux. Les hostilités ont été déclenchées par la tentative des soldats américains de pénétrer dans le domicile de Moqtada Sadr, a affirmé un membre du bureau du jeune imam. Plus de trois cent morts et des centaines de blessés ont été recensés jusqu'à hier en fin d'après midi. L'opération de répression contre les milices de Moqtada Sadr est menée conjointement par les forces de la coalition et la police irakienne. Par ailleurs, Bagdad et plusieurs villes irakiennes vivent au rythme d'enlèvement d'étrangers et d'attentats au quotidien. Il ne se passe pas un jour sans que des dizaines de victimes soient recensées. La comptabilité macabre se poursuit. Vingt-deux Irakiens, dont quatorze civils, ont été tués lors de violents affrontements à Mossoul, a annoncé jeudi l'armée américaine. Il s'agit d'un exemple de la rude résistance qu'oppose la guérilla irakienne aux forces de la coalition. Un attentat suicide a fait cinq morts près d'un poste de police à Mahawil, située à 75 km au sud de la capitale irakienne. Quant à la question des enlèvements, elle préoccupe au plus haut point les autorités intérimaires irakiennes et la puissance occupante. Ainsi, les trente et un pays membres de la coalition prônent désormais davantage de fermeté avec les ravisseurs. Les Etats-Unis, qui ont vu que la coalition se disloquait peu à peu, ont réuni l'ensemble de leurs alliés pour les pousser à réagir fermement face à cette vague d'enlèvements, dont les conséquences pourraient s'avérer désastreuses. Pour rappel, quatre pays ont retiré leurs troupes de l'Irak, à savoir l'Espagne, la république dominicaine, du Honduras, du Nicaragua et dernièrement des Philippines. Selon des informations rapportées par le quotidien américain le Washington Post, quatre autres pays sont en train d'y retirer leurs soldats. Ces derniers sont la Thaïlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et l'Estonie. Si ces informations se confirment, c'est un rude coup qui sera porté à la coalition. Il n'est plus question de négocier avec les ravisseurs de ressortissants étrangers en Irak, prône le texte adopté par Washington et ses alliés. Tout cela indique que la situation en Irak n'évolue pas dans le sens que souhaite George Bush, qui a besoin de se rassurer à l'approche de l'élection présidentielle américaine. En effet, l'augmentation du nombre de rapts et des attaques contre les forces d'occupation et la police irakienne n'augure de rien de bon à moins de six mois du déroulement des élections générales que le gouvernement de Iyad Allaoui ambitionne de tenir. Devant le détérioration de la situation sur le terrain, le premier ministre et le président irakiens ne veulent pas entendre parler d'un départ des forces de la coalition, de peur de voir le pays plonger dans le chaos. La transition s'annonce longue et difficile. K. A. Moqtada Sadr : “L'Amérique est notre ennemi” Le chef radical chiite Moqtada Sadr a déclaré que “l'Amérique est notre ennemi”, dans un message lu hier par l'un de ses adjoints, alors que les affrontements se poursuivent entre sa milice et les forces américaines. “Le président irakien dit : l'Amérique est notre ami, et moi je dis, l'Amérique est notre ennemi”, a déclaré M. Sadr dans un message lu par cheikh Jaber El-Khafadji lors de la prière du vendredi à Koufa, près de Najaf, dans le centre de l'Irak.