Pouvait-il y avoir, face à la mauvaise foi et aux tergiversations israéliennes, d'autres issues à un processus de paix difficilement remis sur les rails, en juillet dernier, par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry? Certes non, au regard de la manière avec laquelle Israël a procédé, depuis la reprise des pourparlers avec les Palestiniens, qui ne pouvait que rendre caduc tout effort d'aboutir et aléatoire une solution équitable du contentieux israélo-palestinien. Le clash était inévitable dès lors que, coup sur coup, Israël revient sur la libération du dernier contingent de détenus palestiniens et relance les appels d'offres pour la construction de 708 logements à Jérusalem-Est occupée. Trop, c'est trop! A l'évidence, il n'y avait plus rien à discuter face aux provocations délibérées de l'entité sioniste. Les autorités palestiniennes prirent acte de ce dernier développement, s'estimant libérées de leur engagement de gel des adhésions aux agences onusiennes. De ce fait, le président Abbas est passé à l'action mardi soir en réactivant les demandes d'adhésion de la Palestine à 15 agences de l'ONU dont la 4e Convention de Genève (sur la protection des civils). Avant d'en arriver au clash, il y eut, mardi dernier, la curieuse proposition des Etats-Unis - qui s'échinaient à prolonger les négociations israélo-palestiniennes - d'échanger l'espion Jonathan Pollard - condamné en 1987 à la prison à vie aux Etats-Unis pour espionnage au profit d'Israël - contre la libération du dernier contingent de détenus palestiniens. Proposition bizarre en effet, que d'ailleurs les Palestiniens réfutèrent, estimant que c'était là une affaire entre Américains et Israéliens. En fait, le processus de paix, dans l'impasse depuis des décennies, était bien mort et seuls les Américains refusaient d'en concéder la véracité. La libération des prisonniers exigée par les Palestiniens aurait permis de continuer à donner le change et faire croire que le processus pouvait encore se parachever. Or, cette façon de procéder relève, à la limite, de la stupidité dès lors que Washington avait déjà (à plusieurs reprises) échoué à faire avancer d'un iota le processus de paix. Reprises à la fin de juillet 2013, après près de trois années d'interruption, les négociations devaient s'achever le 29 avril prochain. Il n'en sera donc rien. Plutôt que d'admettre l'échec, d'en faire publiquement le constat, et d'imputer ce revers à l'une des parties en cause, les Etats-Unis ont persisté à brasser du vent espérant, contre toute attente, un miracle qui ne venait pas et auquel eux seuls semblaient y croire (?) qui tentaient, désespérément de reconduire un processus de paix plongé dans un coma profond. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry - accordons lui le mérité d'avoir réussi à réunir de nouveau les deux parties autour de la table de négociation - ne savait plus quel expédient mettre en place pour que les pourparlers puissent se poursuivre, même s'ils devaient se faire à vide et sans perspective de sortie. Ainsi, M.Kerry a rencontré, mardi dernier, à deux reprises et sans réussite, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Il devait se déplacer hier à Ramallah, déplacement évidemment annulé après la nouvelle donne et la tournure des événements. Ce qu'il faut retenir en fait c'est que l'entité sioniste n'a fait et ne faisait aucun cas des efforts du diplomate américain pour maintenir en vie un processus de paix qui s'étiolait car vidé de sens par Israël. Peut-on comprendre autrement la relance d'un appel d'offres pour la construction de 708 logements dans un quartier de Jérusalem-Est occupée, alors que John Kerry n'avait pas encore quitté l'Etat hébreu ce mardi? Ce qu'il faut relever est que, selon des ONG israéliennes et internationales, en six mois - de juillet 2013, reprise des négociations, à janvier 2014 - Israël a fait construire quatre fois plus de logements dans les territoires palestiniens que lors des quatre années précédant juillet 2013. Aussi, pour Israël, la seule utilité des pourparlers avec les Palestiniens est qu'ils lui servaient exclusivement à rendre irréalisable l'édification d'un Etat palestinien, par la multiplication des colonies et la judaïsation de Jérusalem-Est occupée. Les Palestiniens pouvaient-ils plus que de raison continuer sur cette voie du suicide collectif? Face à cette donne, il appartient désormais à la communauté internationale - pour qui les colonies israéliennes restent illégales au regard du droit international - de mettre en conformité son action avec ses opinions et de prendre ses responsabilité envers Israël. En effet, tel que conçu, le processus de paix est devenu l'arme du génocide du peuple palestinien.