S'attaquer à des candidats ou à ses représentants est contraire au jeu démocratique Le jeu démocratique veut que les opposants à la politique d'un candidat manifestent leur désaccord dans le calme et le dialogue. La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril a connu des incidents très graves, hier à Béjaïa, où le meeting de Abdelmalek Sellal, représentant du candidat Abdelaziz Bouteflika a été violemment perturbé par des jeunes hostiles au jeu démocratique. Dès 10h, une centaine de jeunes ont violemment forcé les grillages d'entrée de la Maison de la culture où devait se tenir le meeting électoral de Sellal, et cela malgré la présence importante des forces de sécurité. Ces incidents ont fait plusieurs blessés parmi les partisans de Sellal, mais aussi des journalistes de la télévision et ceux d'Ennahar TV venus pourtant dans une mission professionnelle couvrir ce meeting politique et qui ont été pris à partie à leur sortie de la salle. Massés le long du mur d'enceinte de la Maison de la culture et sur les trottoirs avoisinants, les manifestants ont exprimé à tue-tête leur opposition à la tenue de la prochaine élection présidentielle, avant de bloquer le mouvement des personnes entrant ou sortant de l'établissement. Plusieurs personnes ont été atteintes par des projectiles ou agressées. Des membres de la Ligue algérienne des droits de l'homme ont tenté, en vain, de s'y opposer en appelant au calme. C'est la première fois qu'un meeting électoral d'un candidat à la présidentielle est ainsi violemment stoppé. Depuis quelques jours, de graves incidents ont marqué les meetings des représentants du candidat Bouteflika. Sellal à Ouargla et à Tébessa. Ceux de Amar Ghoul et Amara Benyounès en France, notamment à Marseille et à Paris, et ceux de Ouyahia à Oum El Bouaghi. Ces incidents qui touchent curieusement le favori de l'élection présidentielle offrent une piteuse image de la démocratie en Algérie. Le jeu démocratique veut que les opposants à la politique d'un candidat manifestent leur désaccord dans le calme et le dialogue, pas dans la violence et l'invective. S'attaquer à des candidats ou à ses représentants est contraire au jeu démocratique et aux règles politiques. Cet incident, (le premier du genre dans une campagne électorale), est un danger pour la stabilité du pays et une menace pour la région de la Kabylie. Une région qui a longtemps souffert de la violence du terrorisme et qui avait peu à peu retrouvé la paix et la quiétude. Ces procédés sont inacceptables et condamnables et pourraient constituer un danger pour la démocratie en Algérie. L'autre fait grave de cet incident, c'est l'attaque qu'ont subie les journalistes venus pourtant en observateurs, pour transmettre l'information aux Algériens aux quatre coins du pays. De quel droit on s'attaque à des journalistes? Cela va à l'encontre des règles de la démocratie et du respect de la liberté d'expression. Ces incidents survenus en pleine campagne électorale sont dangereux pour la poursuite de la campagne électorale et menacent sérieusement le processus démocratique du pays, dont la stabilité économique et politique est jalousée dans certains pays de la région. Ces incidents sont également contraires à l'expression politique directe et menacent sérieusement le pays qui vient de sortir difficilement, mais sûrement d'une violente et amère décennie noire. C'est dans ce sens que Sellal, le représentant du candidat Bouteflika a sagement décidé d'annuler son meeting et de calmer les tensions qui restent vives et fortes à Béjaïa. Certains représentants des autres candidats ont déjà condamné ces actes violents qui n'arrangent pas la démocratie et qui offrent une image négative de notre «jeune» démocratie.