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"Les gaz de schiste sont une bénédiction du ciel"
LE PROFESSEUR CHEMS EDDINE CHITOUR À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 08 - 04 - 2014

L'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme
Le directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l ́Ecole polytechnique d'Alger, a bien voulu se confier à L'Expression à la veille d'un rendez-vous, «Les journées de l'énergie», (devant se derouler aujourd'hui) qui a fini par s'imposer comme un événement incontournable. D'autant plus qu'il est question de l'avenir de l'Algérie. Le professeur Chems Eddine Chitour nous dit ses craintes mais aussi ses espoirs. Un message adressé à celui qui aura l'insigne honneur de présider aux destinées du pays après le 17 avril. Ecoutons-le.
L'Expression: Les 18es journées de l'énergie se dérouleront cette année dans un contexte particulier; elles précéderont d'une semaine l'élection présidentielle. Y aura-t-il un message en direction des candidats à la magistrature suprême?
C.E. Chitour: Le message que je veux transmettre est le suivant. Mme et MM. les candidats vous savez certainement que le monde qui nous entoure est dangereux. Nous sommes dans un siècle où comme dit Nietzsche: «Périssent les faibles et les ratés.» Comment faire pour n'être ni faibles ni ratés?
Avant tout, l'unité. Nous sommes au XXIe siècle, il nous faut conforter les anciennes solidarités sociales en appelant à une République exemplaire où seul le mérite et la compétence ont le droit de cité. Qu'est-ce qu'être Algérien au XXIe siècle? Le patriotisme épidermique et les grandes envolées faisant pour la période récente un fonds de commerce de la glorieuse Révolution de Novembre qui, a bien des égards, a été le creuset du vivre-ensemble, il nous faut réinventer une nouvelle Révolution fédératrice avec les outils nouveaux, ceux du Web 2.0. Le deuxième point sur lequel je supplie nos élites qui prétendent être les candidat(es) idéaux pour mener à bon port cette Algérie qui nous tient tant à coeur, est la nécessité de revoir fondamentalement l'Ecole. Notre futur ou notre disparition en tant que nation dépendra de notre aptitude à construire une école qui fait réussir, qui est un ascenseur social, une école qui inculque les fondamentaux de notre histoire avec les acquis de la modernité, une école qui prône la tolérance. Une école de la rigueur, du parler vrai qui nous donnera par la force des choses, des étudiants pétris de valeurs acceptées par tous, défendues par tous et qui partent à la conquête du savoir. Cela passe forcément par une université éthique où seront combattus sans répit et avec la dernière rigueur, les faussaires de tout ordre, ceux qui bafouent l'éthique.
Celles de 2013 avaient pour thème «Le développement durable de l'Algérie: une feuille de route à 2030.» Une autre façon de tirer la sonnette d'alarme quant à l'addiction de l'économie nationale par rapport à ses exportations en hydrocarbures. Quel bilan peut-on en tirer aujourd'hui?
Force est de constater que nous avons continué à dépenser, voire gaspiller sans compter, sans comprendre que les réserves ne sont pas éternelles, qu'il faut sortir de ce sortilège en mettant en place une transition énergétique qui a pour cap le développement durable. Certes, des actions sont faites ça et là, mais qui est conscient que cette situation de farniente est éphémère?
Il est fortement question pour l'Algérie de se lancer dans l'exploitation du gaz de schiste. Est-ce un indice supplémentaire de sa dépendance par rapport à ses ressources en hydrocarbures? Face à un tel contexte, quels conseils donneriez-vous?
Les gaz de schiste sont une bénédiction du ciel - si on sait y faire. Ce sera une malédiction si on continue de fonctionner sur un modèle de distribution de la rente avec comme calamité supplémentaire, le saccage du Sahara. De quoi s'agit-il? Une étude algéro-américaine montre que nous aurions six bassins potentiels pour des réserves estimées à 21 000 milliards de m3, ce qui nous place troisième après la Chine et l'Argentine et avant les Etats-Unis! C'est dire si nous avons les moyens d'assurer une transition énergétique en douceur qui sera voulue et qui sera brutalement subie si on continue avec cette mentalité de rentier qui est le cimetière de l'intelligence puisqu'on ne demande pas à l'Algérien de «penser, mais de dépenser» d'une façon frénétique une ressource qui appartient aussi aux générations futures. Les ressources fossiles algériennes conventionnelles sont sur le déclin. Le miracle du gaz de schiste ne doit pas déboucher sur une fuite en avant, mais sur la nécessité de réfléchir sérieusement à une transition énergétique pour sortir du tout-hydrocarbures.
1° Notre meilleure banque est notre sous-sol, il ne faut extraire du sous-sol que ce qui est strictement nécessaire au développement vu comme création de richesse et non comme consumation d'hydrocarbures pour asseoir une situation sociale éphémère de farniente.
2° Chaque calorie exportée doit être associée avec nos partenaires à un transfert de savoir-faire qui doit à terme nous permettre une relative autosuffisance.
3° Avant de passer au gaz de schiste, la nécessité est de faire sans tarder un état des lieux de ce dont nous disposons en termes de ressources, mais aussi en tant que force de frappe en termes de savoir et de savoir-faire
4° L'une des premières mesures est de réduire le gaspillage évalué à au moins 20%. Tous les départements ministériels sont concernés et doivent réduire leur train de vie, notamment dans le domaine des transports en donnant l'exemple de l'utlisation de carburants tels que le sirghaz ou le GNC. Cela diminuera la pression sur les carburants essence et surtout gasoil. L'Algérie ne pourra pas continuer longtemps à importer des quantités importantes (près de 3,4 milliards de dollars en 2013), dont une grande partie contribue à aider les pays voisins par le phénomène de l'hémorragie.
5° Annoncer un principe; l'énergie et l'eau ont un coût réel qu'il faudrait graduellement atteindre, chacun paiera le prix en fonction de sa consommation.
Voulons-nous disparaître en tant qu'Etat si on continue sur cette lancée? La génération d'après 1962 ne connaît rien à son histoire. Elle n'a pas été éduquée sur le fait qu'il faut donner une suite à la révolution de Novembre et plus généralement à tous les combats qu'a menés l'Algérie pour survivre. Les combats dans ce XXIe siècle sont ceux de l'intelligence.
Nous ne pourrons continuer ainsi. Le sauveur de l'Algérie c'est celui qui parle vrai, qui explique les atouts et les contraintes de l'Algérie, qui arrivera à convaincre pour tracer un cap pour le futur.
Le sauveur de l'Algérie doit donner l'exemple, il devra permettre au génie qui sommeille en chaque Algérien de s'affirmer. Nous ne sommes pas invulnérables! Il nous faut raison garder. Nous devons sans tarder, à l'instar des grandes nations, mettre en place cette transition énergétique qui est d'ailleurs consubstantielle d'une transition économique de création de richesses. Le développement durable est aussi celui de l'existence de l'Algérie, une nation qui doit garder son rang. Nous devons le faire avant qu'il ne soit trop tard! Les générations futures nous jugeront et il n'est pas question d'appliquer l'adage: «Après nous le déluge!»
La formation des hommes
Ce plan Marshall devrait sans problème être pris en charge par le système éducatif dans son ensemble. C'est à une école rénovée, tournée vers l'avenir, que l'on formera l'écocitoyen de demain. C'est là que se formeront les scientifiques par la réhabilitation des baccalauréats mathématiques et mathématiques techniques. C'est de la responsabilité de la formation professionnelle de prendre en charge la formation de dizaines de milliers de cadres moyens dont l'Algérie a besoin. D'ailleurs, dans les pays industrialisés, il y a cinq techniciens pour un ingénieur. C'est à l'Etat de rendre son honneur à la formation professionnelle. Il y a enfin l'enseignement supérieur où la formation d'ingénieurs qui a disparu doit être réhabilité. Le plan Marshall de la transition énergétique nécessite la formation de milliers d'ingénieurs. Les Comités pédagogiques nationaux par filière pourront piloter le contenu des formations par une veille quant à la norme pédagogique et servir de trait d'union entre la demande de formation pour les différents secteurs et sa mise en oeuvre au sein des universités. Dans ce dur combat contre l'ignorance, il nous faut réhabiliter les grandes écoles qui ont souffert de l'errance et de l'application d'un système d'enseignement qui ne leur est pas adapté. A ce titre, le Laboratoire de valorisation des énergies fossiles que je dirige à l'Ecole polytechnique tente depuis vingt ans, malgré toutes les vicissitudes et les empêchements, d'être «un donneur d'alerte» sur l'impossibilité pour le pays de continuer ainsi à gérer le pays par le partage de la rente sans création réelle de richesse pérenne. Tout repose en définitive sur l'homme et sur des dirigeants fascinés par l'avenir. On dit qu'un homme politique pense aux prochaines élections, l'homme d'Etat pense aux prochaines générations. Puisse Dieu protéger cette Algérie qui nous tient tant à coeur.


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