Une ascension fulgurante Valls promet du concret dans son intervention devant l'Assemblée nationale. Le nouveau Premier ministre socialiste français, Manuel Valls, a joué hier sa crédibilité politique devant le Parlement avec une déclaration très attendue de politique générale, neuf jours après la défaite de la gauche aux élections municipales. Manuel Valls, choisi le 31 mars par François Hollande pour succéder à Jean-Marc Ayrault, doit à la fois convaincre les députés de ses capacités à donner un nouveau souffle à l'action publique, et reconquérir une opinion lassée de l'impuissance de l'exécutif à relancer la croissance et faire baisser le chômage. Le nouveau Premier ministre est contraint d'incarner à lui seul le changement annoncé par Hollande après le désaveu des municipales. «Il faut redonner la confiance au pays, et ce sera le sens de mon intervention», a-t-il déclaré hier en promettant du «concret». Une partie des députés socialistes (majoritaires à l'Assemblée), ainsi que les écologistes, qui ne font plus partie du gouvernement tout en restant a priori dans la majorité, attendent du Premier ministre qu'il donne des gages en faveur d'une nouvelle orientation économique, plus soucieuse d'égalité, moins soumise aux exigences de rigueur de Bruxelles. Cependant, les dix députés du Front de gauche (communistes et alliés) voteront contre la confiance au gouvernement. Une quadrature du cercle alors que l'opposition de droite et les institutions européennes attendent que l'engagement de Hollande, à réaliser 50 milliards d'euros d'économies budgétaires d'ici à 2017, passe dans les faits. La marge de manoeuvres est étroite, puisque la ligne a été fixée par le président début janvier avec le «pacte de responsabilité», qui promet aux entreprises une baisse du coût du travail dans l'espoir de relancer l'emploi. Manuel Valls devait en dévoiler la teneur, et préciser le «pacte de solidarité» également annoncé par le chef de l'Etat, destiné à donner un peu de pouvoir d'achat aux Français, via sans doute une baisse des cotisations sur les bas salaires. Ce programme laisse prévoir un dérapage des déficits publics, en contradiction avec les engagements pris par la France auprès des institutions européennes de ramener son déficit sous la barre des 3% du PIB l'an prochain (4,3% en 2013). Des indicateurs économiques plutôt favorables viennent cependant donner un peu d'air à l'exécutif français: le déficit commercial a été ramené de 5,6 milliards en janvier à 3,4 milliards en février, et le déficit de l'Etat a baissé sur un an de 1,4 milliard (à 25,7 milliards). Par ailleurs, Valls a rejeté dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, les accusations selon lesquelles la France a été complice du génocide en 1994 au Rwanda, Je n'accepte pas les accusations injustes, indignes, a-t-il dit, du président rwandais, Paul Kagame, affirmant, à l'occasion des commémorations du 20ème anniversaire des massacres, que la France avait pris une part active au génocide. Ces propos avaient conduit la France a annuler la présence de la ministre de la justice Christiane Taubira à ces cérémonies et entraîné une forte tension entre Paris et Kigali. Au coeur de ce contentieux figure le soutien de Paris et de son armée au régime Hutu rwandais, coupable du génocide. Cette accusation se double d'une dénonciation de l'opération militaire «Turquoise» (juin à août 1994), lancée officiellement pour des raisons «humanitaires» avec un mandat de l'ONU. Valls a promis dans sa déclaration un allègement du coût du travail de 30 milliards d'euros d'ici à 2016 et une baisse des impôts pour les ménages modestes. Ces mesures, qui passeront notamment par la suppression des charges sociales sur le salaire minimum l'an prochain, sont destinées à relancer la compétitivité des entreprises et à favoriser la consommation intérieure, a-t-il déclaré.