Manuel Valls, nouveau Premier ministre français Le choix de l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, connu pour sa fermeté et son franc-parler, menace par ailleurs de faire voler en éclats la majorité présidentielle. Le nouveau Premier ministre français Manuel Valls, apôtre du social-libéralisme nommé dans l'urgence après la débâcle des élections municipales, peaufinait hier son gouvernement avec en tête la difficile équation imposée par le président François Hollande: concilier réduction des déficits et diminution des impôts sous l'oeil de Bruxelles. Le choix de l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, connu pour sa fermeté et son franc-parler, menace par ailleurs de faire voler en éclats la majorité présidentielle. Les écologistes, qui goûtent peu le profil de «socialiste de droite» de M. Valls, ont en effet prévenu qu'ils ne participeraient pas au gouvernement si leur demande de changement de cap politique n'était pas entendue. A 51 ans, Manuel Valls va prendre ses quartiers à Matignon après une cérémonie de passation de pouvoir dans l'après-midi avec Jean-Marc Ayrault. L'annonce de la composition du gouvernement doit intervenir avant un Conseil des ministres présidé aujourd'hui ou demain par François Hollande. Le chef de l'Etat a nommé lundi M. Valls à la tête d'un «gouvernement de combat» pour mettre en oeuvre le «pacte de responsabilité», pierre angulaire de sa politique économique qui prévoit une baisse des charges des entreprises pour relancer l'emploi. Il a souligné que son nouveau Premier ministre aurait la difficile mission de «convaincre» la Commission européenne d'être patiente et souple sur la maîtrise des déficits alors que la politique de rigueur mise en place par les socialistes contribue largement à leur impopularité. La feuille de route du nouveau gouvernement a tout de la quadrature du cercle puisqu'il s'agira de concilier réduction du déficit public et diminution des impôts. L'exécutif prévoit en effet une baisse de 30 milliards d'euros des charges pour les entreprises dans le cadre du pacte de responsabilité et une baisse des cotisations salariales dans le cadre d'un pacte de «solidarité». Il a également évoqué une diminution des impôts pour les Français d'ici 2017. Le président avait annoncé en janvier 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017, qui doivent être détaillées en avril, Paris devant transmettre à la fin du mois à la Commission européenne son programme de stabilité actualisé. Hier, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a prévenu le nouveau Premier ministre qu'il devait continuer les réformes pour réduire le déficit budgétaire et renforcer la compétitivité du pays. Il faut «s'en tenir aux objectifs budgétaires et travailler à des réformes», a-t-il indiqué. La nomination de M. Valls devrait rassurer les marchés qui, selon des analystes de Société Générale CIB, anticipent une politique social-démocrate bénéfique pour la dette française. Les spéculations allaient bon train hier sur les personnalités en vue pour les postes-clés du nouveau gouvernement. Parmi les entrants, est cité le nom de Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne du président, peut-être pour prendre un ministère élargi de l'Education. Un fidèle de M. Hollande, François Rebsamen, pourrait s'occuper de l'Intérieur, un poste qu'il souhaitait en 2012. Laurent Fabius était en général donné comme reconduit aux Affaires étrangères, ainsi que le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian reçu hier matin par le futur chef de gouvernement. Parallèlement, un bras de fer s'est engagé entre écologistes et socialistes sur l'avenir de la majorité de gauche née en 2012 après la défaite présidentielle de Nicolas Sarkozy. Manuel Valls a reçu dans la matinée une délégation d'Europe Ecologie-Les Verts alors que les deux ex-ministres verts Cécile Duflot et Pascal Canfin ont annoncé ne pas vouloir participer à son gouvernement et que les écologistes ont demandé «une clarification» sur le projet politique du nouveau Premier ministre. La question du soutien des députés écologistes au gouvernement est posée.