Paul Kagame, le président rwandais, a provoqué l'ire des responsables français en dénonçant notamment le "rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même". Prenant mal les déclarations du président Paul Kagame, la France a décidé d'annuler sa participation aux commémorations du 20e anniversaire du génocide rwandais, contrairement à la Belgique, qui n'a pas prévu de changement de programme dans sa participation à ces célébrations prévues aujourd'hui. "La France est surprise par les récentes accusations portées à son encontre par le président du Rwanda" qui "sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années entre nos deux pays", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. La même source a ajouté que "dans ces conditions, Mme (Christiane) Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice, ne se rendra pas ce lundi à Kigali", a-t-il ajouté. Romain Nadal a particulièrement insisté sur le fait que "la France regrette de ne pouvoir prendre part aux commémorations du 20e anniversaire du génocide, car elle tient à s'incliner devant la mémoire des victimes et à s'associer au deuil des familles et du peuple rwandais". De son côté, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères à l'époque du génocide au Rwanda en 1994, a appelé samedi François Hollande à "défendre l'honneur de la France" face à l'"inacceptable mise en cause" de Paris par le président rwandais, Paul Kagame. "Il serait aujourd'hui intolérable que nous soyons désignés comme les principaux coupables. J'appelle le président de la République et le gouvernement français à défendre sans ambiguïté l'honneur de la France, l'honneur de son armée, l'honneur de ses diplomates", écrit Alain Juppé dans un article à paraître dans l'hebdomadaire Jeune Afrique. "Je comprends la réaction française, puisque la France est accusée d'avoir participé activement au génocide, y compris sur le plan militaire", a indiqué hier le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, interrogé par la radio-télévision publique francophone RTBF. "C'est un vieux débat. Paul Kagame parle de préparation politique au génocide (...) Tout cela a été examiné en long et en large par une commission d'enquête en Belgique, et à l'époque les conclusions étaient très claires : la préparation du génocide est due à des groupes extrémistes au Rwanda même", a-t-il également rappelé. C'est dans une interview parue hier dans l'hebdomadaire Jeune Afrique que le chef de l'Etat rwandais accuse une nouvelle fois la France de "participation" à l'"exécution" du génocide de 1994, qui a fait 800 000 morts, principalement tutsis. Evoquant la question des responsabilités, Paul Kagame a dénoncé le "rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même". Ne s'arrêtant pas là, le président rwandais a accusé les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994 sous mandat de l'ONU dans le sud du pays, d'avoir été "complices certes" mais aussi "acteurs" des massacres. Ce vingtième anniversaire, placé sous le thème "Souvenir, unité, renouveau", s'étendra sur 100 jours pour faire écho à la centaine de jours qui a suffi pour exterminer 800 000 personnes, essentiellement issues de la minorité tutsi, entre avril et juillet 1994. M T Nom Adresse email