Un large public, composé essentiellement de ses sympathisants ainsi que de nombreux citoyens venus découvrir Benflis «Ça ne sert à rien de s'attaquer à la contrebande dans nos frontières si on ne s'attaque pas d'abord à la misère!», a-t-il dit. Comme partout, Ali Benflis s'est rendu dans la wilaya de Tébessa pour défendre son projet. Il fut reçu, hier, en candidat, en président, comme un des leurs, dans un climat... il était chez lui, comme partout, d'ailleurs. A peine apparu dans la salle omnisports de la ville de Tébessa, l'assistance scande comme un seul homme: «Le peuple veut Benflis président!», «peuple et armée avec toi Benflis!», «ne trahissons pas nos martyrs!»,... Il aura fallu que Benflis supplie le large public, composé essentiellement de ses sympathisants ainsi que de nombreux citoyens venus le découvrir, de lui accorder un instant de silence pour qu'il puisse apporter son message! Oui, c'est tout un message, en effet, pour la population de Tébessa, puisque en fin connaisseur de cette région, le candidat à la présidentielle a abordé ce qu'il fallait exactement, en ce qui concerne les problèmes propres aux «T'bessis». Nous sommes aux frontières Est algériennes et c'est gravissime que le fléau de la contrebande soit passé sans aucun tabou par Ali Benflis. «La contrebande qui existe à nos frontières est un fléau qui existe dans tous les pays du monde qui ont des frontières. Mais, qu'est-ce qui conduit les populations à verser dans la contrebande?», s'est interrogé le candidat avant de répondre: «Ce qui conduit à la contrebande, c'est la misère!», lance-t-il. «Ça ne sert à rien de s'attaquer à ce fléau, si on ne s'attaque pas à ses causes. Nous, nous allons nous attaquer à la misère! Ensuite on s'occupera de ce qu'elle enfante: la contrebande», promet-il s'il sera élu président. Selon lui, «il n'est pas un colon pour réprimer les contrebandiers. Si on veut parer à ce fléau, il faut commencer par donner à manger, du logement, du travail à nos jeunes», lance-t-il encore. Benflis, propose, en effet, une solution politique. «La question de la contrebande au niveau de nos frontières, nécessite un traitement politique et non sécuritaire!», explique-t-il aux citoyens de cette paisible région qui sépare les deux pays, en l'occurrence l'Algérie et la Tunisie. La solution permettra, selon le candidat, de libérer de prime abord «la police, la gendarmerie et tous les autres services de sécurité, pour ne s'occuper que de la mission pour laquelle ils sont voués, notamment la sécurité des biens et des personnes». Benflis aborde cette question en profondeur, car il est allé même à aborder l'aspect juridique avec lequel la question est traitée. Selon lui, le traitement pénal des contrebandiers est un traitement digne de l'époque coloniale. La peine est toujours personnelle, or dans ce cas de figure, malheureusement, la peine est collective. «Comme au temps des colons, sinon, comment expliquer l'implication des propriétaires des stations d'essence?», explique-t-il. Deuxième grand point sensible abordé par Ali Benflis, les retraités de l'armée et les victimes du terrorisme. Là encore, il faut connaître Tébessa pour mesurer la portée de la question. Benflis le savait. En effet, la population de Tébessa est connue pour son engagement massif dans les rangs de l'armée. «Je vous promets, que si je suis élu président, d'ouvrir le dossier des retraités de l'armée afin de revoir leur pension. J'améliorerais leur situation sociale pour leur permettre de terminer leur vie dignement», indique-t-il. Benflis a abordé aussi l'épineuse question des victimes du terrorisme. Il est allé jusqu'à promettre de revoir complètement le barème d'indemnisation des victimes de la tragédie nationale qui, selon lui, est entaché d'injustice. «Le barème d'indemnisation en vigueur pour prendre en charge les victimes du terrorisme est calculé sur la base des salaires et non de l'ampleur du préjudice causé pour la victime», soutient-il avant de s'engager à «ouvrir de nouveau ce dossier, une fois président, pour corriger toutes les injustices commises à ce sujet». Enfin, le périple mené hier par Ali Benflis dans les wilayas du Nord-Est algérien, en l'occurrence, Tébessa, Souk Ahras et El Tarf, montre clairement qu'il ne s'est pas vraiment senti dans la peau d'un candidat qui vient vendre un discours ou tenter de convaincre d'un projet, mais un des siens qui retourne chez lui. Bref, «pour trouver des solutions, il faut connaître son pays et son peuple. Ce n'est pas le cas de ceux qui ont pris le pouvoir...», termine-t-il.