Le masque de Gorgones Le vol de la pièce, en 1996, sur le site d'Hippone (Annaba), a été commis alors que l'Algérie faisait face avec courage et abnégation au terrorisme intégriste. La ministre algérienne de la Culture, Khalida Toumi, et son homologue tunisien, Mourad Sakli, ont signé dimanche à Tunis le procès-verbal de remise actant la restitution à l'Algérie du masque de Gorgones, une pièce archéologique rare volée dans l'Est algérien en 1996 et retrouvée en Tunisie. Cette pièce archéologique en marbre blanc de 320 kg, exposée au Musée de Carthage lors de la cérémonie de restitution, a regagné l'Algérie hier pour être exposée aujourd'hui au Musée national des antiquités à Alger. Le masque de Gorgones, «n'a pas subi de détériorations importantes», a affirmé à Tunis le directeur du patrimoine au ministère de la Culture, Mourad Betrouni. Les experts algériens et tunisiens, réunis à Tunis, une semaine avant la cérémonie de restitution, ont constaté «quelques petites éraflures» dues au transport de la pièce», une «légère ligne de couche de peinture verte» attestant qu'elle était adossée à un mur ainsi que des traces de plâtre sur les côtés, a précisé l'expert algérien. Le masque de Gorgones, volé en 1996 du site antique d'Hippone (Annaba) dans l'Est algérien, a été retrouvé et identifié en 2011, à l'intérieur d'une des résidences de Sakhr el Materi, gendre du président tunisien déchu, Zine Al Abidine Ben Ali. Sakhr el Materi est actuellement poursuivi par la justice tunisienne pour trafic illicite de pièces archéologiques. Jusqu'à sa disparition en 1996, le masque de Gorgones, découvert en 1930 par l'équipe de l'archéologue français Choupaut, ornait la façade d'une fontaine publique et faisait office d'exutoire d'une conduite d'adduction d'eau dans la ville de Annaba. La restitution à l'Algérie du masque de Gorgones, a estimé Khalida Toumi à l'issue de la cérémonie de remise de la pièce archéologique, est un «moment d'importance éthique et de grande portée symbolique et politique» les deux pays surtout, dit-elle, que la «conjoncture régionale singulière» appelle au «renforcement des liens de solidarité» qui les unissent. La ministre a également estimé que le vol de la pièce en 1996 sur le site d'Hippone (Annaba), commis alors que l'Algérie «faisait face avec courage et abnégation» au terrorisme intégriste, avait été vécu par le peuple algérien comme «un coup de poignard dans le dos» au moment où ce dernier était «mobilisé pour la sauvegarde de l'Algérie en tant qu'Etat, nation et société». «Il ne s'agit donc pas d'un simple objet archéologique à récupérer, mais d'un patrimoine culturel de la nation algérienne à restituer, constitutif de son être social, identitaire et culturel», a-t-elle encore dit. Abordant la question de la lutte contre le trafic des biens culturels, la ministre a souligné que la restitution de la pièce archéologique n'était qu'un «jalon» dans les efforts menés par l'Algérie dans ce domaine qui, insiste- t-elle, exige une lutte «commune, déterminée et solidaire». A cet effet, la ministre a appelé les «frères tunisiens» à se mobiliser aux côtés de l'Algérie pour la récupération des biens culturels «spoliés». Cette mobilisation commune devrait se concrétiser par la création prochaine d'une commission algéro-tunisienne d'experts, chargée du suivi du dossier particulier du trafic illicite des biens culturels, tel que décidé, en février dernier, lors de la 19e session de la Grande commission mixte algéro-tunisienne, a-t-elle rappelé.