Smaïl Mohamed assure que l'Etat respectera ses engagements. L'Expression : Au lendemain du séisme de Boumerdès, le Président Bouteflika a promis qu'aucun sinistré ne passerait l'hiver sous les tentes. Autre engagement fait. C'est le recasement définitif des victimes dans un délai maximum de deux ans. Les autorités sont-elles en mesure de respecter cette échéance? Mohamed Smaïl : Dans le cadre du programme de réhabilitation et la prise en charge des effets du séisme, nous avons relogé définitivement 2027 familles. Un programme de 15.000 logements, dont 7000 pour la wilaya d'Alger, a été décidé par les pouvoirs publics. A ce jour, les chantiers ont démarré au niveau de l'ensemble des sites requis (Draria, Eucalyptus, Gué de Constantine, Bentalha, Aïn Benian, Zéralda). Les projets sont confiés aux entreprises publiques algériennes et chinoises. Nous avons aujourd'hui une prévision de livraison, d'ici à la fin de l'année. En d'autres termes, les premières familles commenceront à être relogées à partir du mois de décembre 2004. Les autorités publiques accordent un intérêt particulier à cet important programme. Par ailleurs, au lendemain de la catastrophe naturelle, nous avons établi une stratégie nationale d'intervention. Les premières réunions ont regroupé les entreprises publiques et privées ainsi que les bureaux d'études. Compte tenu de l'importance des dégâts (43 communes touchées dont six déclarées totalement sinistrées), nous avons estimé l'opportunité de procéder par le système de zonage pour pouvoir maîtriser la situation. Dans ce sens, Alger a été divisée en 10 zones. La première intervention a été assurée par le module d'expertise du 22 mai au mois de juillet. Une première convention a été signée le 8 juillet 2003 entre la wilaya d'Alger et la Caisse nationale de logement (CNL) d'un montant de 30 milliards de DA pour financier les opérations, ensuite tout a été enclenché au fur et à mesure. Les sinistrés ont été placés dans un premier temps dans des tentes, afin de mettre les familles à l'abri du danger. 82 sites ont été réservés accueillant 11.730 familles. Parallèlement, nous avons lancé les chantiers pour les chalets d'accueil. A Alger, 31 sites ont été aménagés comprenant 8000 chalets. Il est à signaler que pour la capitale, toutes les familles ont été recasées au mois de septembre. Beaucoup d'encre a coulé sur les travaux de réhabilitation des bâtisses endommagées. Des experts ont même tiré la sonnette d'alarme, en parlant de bricolage... Je peux vous certifier qu'en matière de confortement, tout a été fait dans le respect des règles de l'art. J'en veux pour preuve que notre patrimoine immobilier, y compris celui conforté ou en état de l'être, a bien supporté la dernière réplique de 5,7 degrés sur l'échelle de Richter le mois de janvier dernier. Aucune fissure n'a été enregistrée au niveau de ces bâtisses. Nous avons un parc de 82.000 logements à réhabiliter et afin d'accélérer nos interventions, nous avons engagé 1600 entreprises et 776 bureaux d'études, ce qui a permis de créer près de 25.000 postes d'emploi. Les travaux sont achevés à 90%. Aussi, en ce qui concerne les travaux de démolition, nous avons eu un déblai de 1.300.000 m3. De plus, les travaux sont supervisés par les experts du CTC et rien ne se fait sans leur accord. Par ailleurs, nous avons reçu des experts japonais, canadiens et français. Ils ont tous apprécié le travail des Algériens, lesquels n'ont rien à envier à ces derniers. Le Président ne semble pas partager ce point de vue. Il a fait, dans ce sens, appel aux experts internationaux et a pointé du doigt en des termes à peine voilés, les techniciens algériens... M.Bouteflika aime l'assurance et espère que les enfants de l'Algérie se confronteeront scientifiquement à leurs collègues étrangers. Il n'a à aucun moment impliqué dans ses déclarations l'incompétence des experts algériens. Si on se fie en matière de comportement au phénomène immobilier à l'activité sismique, il est à relever que les bâtisses ne sont pas faites pour résister à 100% au séisme. L'ébranlement est permis, c'est l'effondrement qui est impardonnable et lorsqu'on compare ce qui a été effondré par rapport à ce qui a été construit, je persiste à dire que notre patrimoine s'est parfaitement comporté, prenant en compte deux aspects importants: l'intensité du séisme et sa durée (40 secondes). Un autre détail qu'il faut mettre en exergue, la vétusté du parc immobilier (45.000 logements dont 200.000 érigés avant 1962). Il est actuellement important de voir le problème sous un angle différent ou plutôt sous son angle véritable afin d'éviter les manipulations. C'est l'avis aussi de la commission d'enquête mise en place au lendemain de la catastrophe. Cette dernière a mis au devant plusieurs aspects relatifs notamment à l'effet site et les réhabilitations effectuées d'une manière illicites par les citoyens au niveau des bâtisses. Ces derniers semblent apprendre la leçon, cela s'est traduit par le nombre important de plaintes déposées par les citoyens au niveau de notre direction pour dénoncer ce genre de démarches. Les citoyens semblent, à en croire vos déclarations, apprendre la leçon. Qu'en est-il pour les pouvoirs publics? Je pense qu'avec la nouvelle réglementation, nul ne pourra construire à sa guise comme cela a toujours été le cas auparavant. Maintenant, il faut faire la part des choses. Tout ce qui a été construit par le secteur public a résisté aux secousses telluriques. C'est au niveau des coopératives privées et des auto construction, que les plus grands dégâts ont été enregistrés. Je signale aussi que dans le cadre de la reconstruction de la capitale, le CTC continuera à jouer un rôle primordial dans l'acte de bâtir. Les gens doivent savoir que cet organisme n'est pas un bureau d'études, son intervention se limite au contrôle. Ce qui rend injuste les critiques dont il a fait l'objet au lendemain de la catastrophe.