Six mois après la catastrophe, 6500 sur les 28.000 sinistrés ont été relogés. «J'ai pris un engagement avec le peuple algérien qu'il faut absolument respecter. C'est une responsabilité très lourde, intérieurement lourde». C'est en ces termes que s'est adressé le président Bouteflika aux responsables de l'entreprise Cosider chargée de construire 400 logements dans la commune de Zemmouri. Le président, qui effectuait une visite «de travail et d'inspection» dans la wilaya de Boumerdès, a insisté sur la nécessité d'accélérer le rythme de réalisation de logements «en mettant toutes les capacités», notamment par la multiplication de brigades de travail. «Il n'y a aucune raison objective de prendre deux ans pour des projets que les Chinois achèvent en dix mois». Il expliquera après les raisons du «je suis pris à la gorge par le temps». «Je vous demande de faire le maximum pour pouvoir reloger les sinistrés dans les plus brefs délais.» En effet, le compte à rebours a commencé. Un mois nous sépare de l'hiver, mais surtout moins de trente jours nous séparent du délai que M.Boutelika avait annoncé pour le recasement total des sinistrés. La situation est très délicate pour le premier magistrat du pays, parce que, sur le terrain même, faut-il le signaler, des efforts considérables ont été réalisés pour tenir cet engagement. Cependant, «le défi» semble être sérieusement compromis. Et pour cause, six mois après la catastrophe, 6500 sinistrés seulement sur les 28.000 existants dans la wilaya de Boumerdès ont été recasés, 5000 dans des chalets et 1500 dans des logements en dur, soit un taux de 30 %. Un simple calcul nous amène à 22000 sinistrés demeurant toujours sous des tentes et qui attendent leur tour. Le compte à rebours a commencé et les choses semblent être des plus complexes en dépit des assurances des autorités locales. Dans cette tournée du chef de l'Etat, la commune d'Ouled Moussa était le premier objectif visité. Dans ce site 330 chalets on été affectés aux sinistrés qui se considèrent «chanceux» d'avoir bénéficié d'un toit. «Baraka Allah fik, M. le président, vous avez tenu votre promesse», clame une vieille. «Je vous demande d'être plus patients en attendant le règlement définitif» dans deux ans a rétorqué le président de la République qui a précisé que les entreprises retardataires seront pénalisées. Au milieu des youyous des , des applaudissement des hommes et des «tahia Bouteflika» des enfants, le président suivait les explications qui lui ont été fournies sur la prise en charge des familles. Le wali de Boumerdès a tenu avant tout à mettre en évidence «les efforts massifs et considérables» consentis par l'Etat pour le relogement des familles. A ce sujet, il rappelle que 158 milliards de dinars ont été débloqués jusqu'aujourd'hui pour cette opération. D'autres programmes seront lancés incessamment comme la construction de 200.000 logements. Le cortège présidentiel s'est dirigé après vers la commune du Corso. Au passage, nous apercevons des camps de toile abritant des familles sinistrées sans pour autant que le cortège ne s'arrête, histoire de s'enquérir de leur situation à la veille de l'Aïd El-Fitr. A Corso, selon les statistiques officielles, sur 1160 familles sinistrés, le taux de relogement à atteint 90 %. 65 familles seulement attendent d'être relogées. Ces dernières sont programmées pour les sites des chalets dont la réception «est prévue pour le début du mois de décembre». A Bordj El-Kiffan, le président sort de sa réserve et explique que l'Etat ne remboursera pas les personnes ne possédant pas d'actes de propriété. «Il faut que tout le monde sache que l'Etat appliquera la loi». Il précise en suite que «l'Etat récupérera les sites des sinistrés non propriétaires des logements». Ces sites seront reconvertis en espaces verts ou en espaces de loisir. A noter que le président Boutelfika, contrairement à la tradition, n'a pas eu droit à un bain de foule. Il n'a pas aussi visité les communes les plus touchées par le séisme. Sa dernière visite dans cette wilaya n'a d'ailleurs pas été une tâche facile pour les services de sécurités qui ont eu à faire à la colère des populations.