Les langues se sont déliées, ces derniers jours, pour évoquer les complicités qui facilitent la tâche aux barons de la drogue. L'affaire de 40 kg de kif traité saisis au port d'Oran et la qualité d'un des principaux accusés constituent des éléments indiscutables, prouvant l'existence d'une toile de complicités tissée par les barons à coups de milliards de centimes versés pour services rendus à des fonctionnaires véreux. Il y a quelques jours, les douaniers avaient réussi à intercepter un véhicule, dans lequel était dissimulée une quantité de 240 kg de kif. L'arrestation des trafiquants et la découverte du pot aux roses qui s'est effectuée à Hammam Bouhadjar, sur la route Oran - Aïn Témouchent, loin de la zone frontalière, a fait dire à certains observateurs que les barons, à la tête de ce réseau, n'auraient pas eu autant d'audace s'ils n'avaient pas bénéficié de complicités, à certains niveaux, leur ayant permis de s'éloigner de la zone des frontières placée sous le contrôle vigilant des douaniers et de la gendarmerie. La drogue a été découverte fortuitement grâce à la pugnacité d'un douanier qui a voulu aller jusqu'au bout de sa mission en refusant les propositions du chauffeur et de son accompagnateur. Cette saisie avait été réalisée quelques jours avant une autre prise effectuée au port d'Oran. Un voyageur qui avait réussi à déjouer tous les points de contrôle a été rattrapé et fouillé au corps par un agent de la police des frontières qui a découvert la drogue dissimulée sous les vêtements du passeur. La dernière saisie effectuée au port d'Oran confirme l'existence de réseaux de complicités pour faciliter la tâche aux trafiquants. Des sources concordantes ont affirmé qu'un inspecteur des douanes, en poste à Oran (il avait avant sa mutation exercé à Maghnia d'où il est originaire), avait accompagné son frère pour l'assister dans son embarquement vers le port espagnol d'Alicante. Sur le quai, il avait tenté de soudoyer, sans résultat, son collègue, un inspecteur principal des douanes affecté au port d'Oran. Ce dernier se montra intransigeant et fit inspecter le véhicule dans lequel était dissimulée la drogue, par le chien renifleur. Malgré la présence d'une forte odeur de désodorisant et la dissimulation des plaquettes de drogue dans des chiffons imbibés de détergent, le chien a réussi à déjouer le plan échafaudé par les trafiquants, l'officier des douanes et son frère qui furent arrêtés sur-le-champ. Des sources ont affirmé que l'officier des douanes, mis en cause dans cette affaire, est connu pour avoir été mouillé dans plusieurs trafics et le tout - Maghnia savait qu'il vivait au-dessus de ses moyens, qui théoriquement sont son salaire d'officier des douanes. On parle même d'une usine qu'il serait en train de monter dans cette ville frontalière. Cette affaire rappelle étrangement celle des six quintaux saisis, il y a 2 ans à Oran et dans laquelle étaient impliqués un policier qui s'est suicidé, quand il fut découvert, un agent de l'APC qui devait fournir des documents à un détenu chargé de conduire le camion, dans lequel a été découverte la drogue. La justice qui s'était saisie de l'affaire avait placé en détention environ une soixante d'individus jugés, 28 furent condamnés en première instance à des peines de prison ferme. Six furent relaxés après l'appel introduit, il y a quelques jours, par leurs avocats. Parmi ces individus issus de quatre régions du pays, figurent des fonctionnaires qui servaient «d'agents-faciliteurs» aux barons qui les payaient chichement. Pour se convaincre de l'existence de véritables réseaux de complicités, il faudrait revenir à la dernière mesure prise par la direction générale de douanes à l'encontre d'une quarantaine des hauts cadres ayant fait preuve de laxisme, de négligence ou ayant commis de graves fautes professionnelles dans l'exercice de leurs fonctions.