Des managers formés à l'école du réalisme, comme M. Yadaden, ont su prouver que ces entreprises publiques sont viables et qu'elles peuvent relever le défi de la concurrence. Une nouvelle race de managers est arrivée à la tête des entreprises publiques algériennes, qui gèrent les entreprises selon les normes classiques de la bonne gouvernance. Rentabilité, efficacité, étude de marché, flexibilité, agressivité commerciale. Cependant, cela n'a pas été très facile, car lorsqu'ils sont arrivés à ce poste de direction, trop de handicaps et un passif lourd hérité d'un passé «dirigiste», où l'économie était gérée d'une manière administrative, venaient contrecarrer les plans mis en oeuvre pour redresser la situation et relancer la productivité. Il fallait négocier un virage trop dangereux, en essayant de sauver de la faillite les entreprises qui étaient considérées comme des fleurons de l'industrie algérienne au cours des années 70 et au début des années 80. Mais le milieu des années 80 a été néfaste aux entreprises publiques algériennes. Elles n'avaient pas eu le temps de digérer les mutations découlant de la restructuration prônée par Abdlahamid la Science qu'il fallait faire face à des contraintes de tous genres : chute drastique du prix du baril de pétrole, augmentation toute aussi vertigineuse de la dette extérieure, perte de change provoquée par la dévaluation du dinar... Tout cela se passait dans un environnement des plus hostiles, l'Algérie étant entrée dans une période d'instabilité et de fragilisation du tissu social, politique et économique. Le stand-by puis les différents plans d'ajustement imposés par le FMI ont mis les entreprises publiques algériennes sur les genoux, obligeant beaucoup d'entre elles à mettre la clef sous le paillasson, alors que d'autres se sont réfugiées dans le chômage technique et l'hibernation. Heureusement que depuis quelques années, des managers formés à l'école du réalisme, comme M.Yadaden, ont su prouver que ces entreprises publiques sont viables et qu'elles peuvent relever le défi de la concurrence en reprenant leurs parts de marché, voire en améliorant leurs scores précédents. La preuve? On la voit tous les jours. Des produits comme ceux de l'Eniem de Oued Aissi sont appréciés des consommateurs et le complexe est rentable. Par conséquent, ceux qui veulent aller à l'économie de marché en jetant le bébé avec l'eau du bain ont très certainement tort. La dichotomie public-privé peut être dépassée par des managers qui ne politisent pas leur pratique quotidienne de gestion, mais s'en tiennent à des normes universellement admises.