Photo : Hacène Par Badiaa Amarni Atteindre la compétitivité au niveau des entreprises publiques et privées algériennes est un objectif recherché depuis des années par le gouvernement. Ce but ne peut cependant être atteint sans réunir les moyens nécessaires. Conscients de ce grand enjeu pour l'économie nationale, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures pour réaliser cet objectif et hisser les entreprises aux standards internationaux. Il ne fait pas de doute que l'un des secrets de réussite d'une société est son management. D'aucuns ne peuvent, aujourd'hui, ignorer qu'une entreprise n'est appelée à réussir que si elle a derrière elle un bon leader, un bon manager et un bon preneur. Or, une grande partie des entreprises algériennes, aussi bien du secteur public que du privé, souffrent d'un problème de management parfois grave. Pour apporter des correctifs à cette défaillance qui a longtemps empêché les entreprises d'évoluer, l'Etat a décidé, dans le cadre de la mise en place de la stratégie industrielle, d'ouvrir d'une école supérieure de management à Boumerdès. L'Inped hissée au rang d'école supérieure de management Ce projet, présenté par M. Moufek, directeur de l'Inped (Institut national de la productivité et du développement industriel), à l'occasion d'une conférence sur la compétitivité de l'entreprise animée en marge du Salon international de l'industrie tenu récemment à la Safex (Pins Maritimes), s'il venait à être réalisé tel qu'annoncé, contribuerait à résoudre cette difficulté du management et permettrait aux entreprises de s'épanouir davantage et de réussir les défis lancés et les challenges à venir. Les managers doivent être «armés» pour prendre des décisions et améliorer leurs capacités. Aussi, dans le cadre de la stratégie industrielle, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique envisage de mettre en place un réseau de 5 écoles supérieures de management, dont la première est celle de Boumerdès, qui sera suivie de celles de Sétif et d'Oran. D'ores et déjà, le dossier relatif à la mise en place de la première école de ce réseau est ficelé et sera probablement finalisé d'ici la fin de l'année. L'Inped, qui sera chargé de mener ce projet, et qui sera lui même transformé en école supérieure de management exclusivement dédiée aux entreprises, a fait appel à l'expertise internationale pour l'assister dans cette tâche. Des contacts ont été pris avec les écoles supérieures de management de Grenoble et de Strasbourg, (France), de même qu'une autre en Espagne, qui ont toutes répondu favorablement. Les négociations sont en cours et bien avancées a annoncé le directeur général de l'Inped. 50 personnes par promotion La stratégie est de constituer un embryon d'ici à 2010 qui prendra en charge les premières formations de 50 personnes par promotion avant la création définitive de cet établissement d'ici à 2011. Des formations dans les domaines de l'administration et du financement, de même que de la logistique seront, entre autres, dispensées. Un processus de sélection qui donnera un maximum de chances aux candidats sera mis en place ; l'objectif étant de rentabiliser au maximum ces formations et d'éviter les taux d'échecs inutiles, et des pertes de places sans parvenir à décrocher le diplôme. La formation s'étalera sur onze semaines et se déroulera en deux parties : un tronc commun et une spécialisation. Le dernier mois sera consacré à la soutenance du mémoire. Les animateurs seront à 60% étrangers et 40% algériens. Un programme de 110 heures d'anglais d'affaires, indispensable pour s'ouvrir à l'international et savoir négocier des parts de marché, sera dispensé également pour les managers-étudiants. Le dossier sera bientôt ficelé et les trois grandes écoles de management contactées semblent très intéressées, a indiqué le directeur de l'Inped lorsqu'il a dévoilé ce projet. Selon lui, les futurs dirigeants désirant aller à l'international «doivent obligatoirement se doter d'outils et d'instruments nécessaires à même de prendre les décisions au moment voulu, avec les risques qu'il faut et le degré d'incertitude qu'il faut». La qualité de la décision, toujours de l'avis de ce responsable, «dépend de la qualité de la personne qui est aux commandes et de la qualité de formation dispensée». Car les managers risquent de se retrouver face à de nouveaux problèmes à gérer qu'ils n'ont pas l'habitude de traiter, surtout dans un contexte d'ouverture progressive de l'Algérie à l'international. Pour illustrer l'une de ces difficultés, M. Moufek a fait part du problème d'inter-culturalité à maîtriser, voire à dépasser, quand il s'agit d'être en collaboration avec des étrangers. Il est indispensable, dans le cas de partenaires étrangers, de pouvoir communiquer et partager les mêmes idées, ce qui n'est pas souvent évident.Toutes ces formations qui seront dispensées aux chefs d'entreprise permettront de leur donner des bagages plus solides et des méthodes de gestion plus modernes et classées aux normes internationales. S'organiser ou disparaître En sciences de gestion, on parle d'organisation lorsqu'un groupe d'hommes a été constitué sciemment dans le but d'atteindre un objectif orienté vers l'environnement, c'est-à-dire la production de biens et de services. De par le monde, l'entreprise d'aujourd'hui est une organisation extrêmement complexe en interaction avec un environnement, lui aussi complexe, en évolution rapide, incertaine et souvent instable, ce qui l'oblige à s'adapter, sous peine de disparaître. C'est pour cela qu'elle requiert une bonne gestion. Cela implique donc la nécessité de disposer de managers de très haut niveau capables de transformer leur entreprise en organisation compétitive. C'est pourquoi la grande majorité des entreprises modernes convoitent les dirigeants les plus efficaces. Gérer ou manager l'organisation, c'est affronter la complexité interne dans ses divers éléments. Par exemple, cette complexité transparaîtra lors des nombreux processus mettant en contact les divers protagonistes : processus de production, de vente, de communication, de décision, d'innovation, de mise en place d'un système qualité, etc. Si l'on veut aller vers des changements au sein de l'entreprise, cela demande l'implication nécessaire de ses hommes. Le changement est donc une méthode de gestion stratégique pour l'entreprise, ses unités ou ses filiales. Mais en opérant ces changements, il faut tenir compte et agir sur la réalité de la société qui est complexe en ce qu'elle a d'intime, de subjectif, d'affectif, d'informel… Cela amène à dire que manager l'entreprise ne relève pas du classique, du simple ou du routinier, mais concerne surtout et avant tout la gestion du changement. Ce qui permet l'affirmation que gérer le changement est une forme supérieure de management c'est-à-dire l'organisation du changement orienté vers la production de richesse. Il ne faut pas perdre de vue que les changements s'accompagnent d'obstacles nombreux et variés. Les promoteurs de changement ne sont aidés par quasiment personne, y compris ceux auxquels il profitera ! Prévenir éventuellement ces obstacles sera la forme supérieure de la gestion du changement. Pour aller de l'avant et s'inscrire dans la compétitivité, les entreprises algériennes doivent se mettre à niveau et suivre les règles du management moderne. C'est à cela justement que s'attellera l'Inped qui offrira des formations aux managers et gestionnaires algériens dès qu'il aura fini de mettre en place l'école supérieure de management deBoumerdès. Cet établissement ne chômera certainement pas puisque des demandes lui sont déjà parvenues, d'une banque entre autres. Reste maintenant à travailler sur la qualité des formations à donner pour éviter les erreurs commises par le passé.