Au moins 33 personnes ont été tuées dans un attentat visant un meeting électoral d'une formation chiite à Baghdad, selon un nouveau bilan fourni hier par des responsables de sécurité, à quatre jours des élections législatives en Irak. Un précédent bilan communiqué vendredi par le ministère de l'Intérieur faisait état de 28 morts. Cet attentat, le plus meurtrier visant un meeting électoral depuis le début de la campagne pour les législatives du 30 avril, a été revendiqué par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupuscule sunnite ultra-radical. Vers 17H30 vendredi (14H30 GMT), une voiture piégée a explosé puis un kamikaze a fait détoner sa charge lors d'un rassemblement de la branche politique de la milice Assaïb Ahel al-Haq, selon le ministère de l'Intérieur. D'après un responsable du ministère, le chef du parti des Citoyens, organisation considérée comme proche du régime iranien, participait au meeting, de même que le leader de la milice chiite visée, Qaïs al-Khazali. Cette milice, «La Ligue des Vertueux», accusée de l'enlèvement d'un Britannique et du meurtre de cinq soldats américains en 2007, est aussi soupçonnée d'être liée à des groupes combattant la rébellion en Syrie. L'EIIL, qui lutte de son côté contre le régime de Bachar Al Assad, a affirmé dans un communiqué que l'attentat visait à venger «ce que les milices (chiites, ndlr) font en Irak et en Syrie: tuer et torturer les sunnites». Les élections législatives, premier scrutin national organisé depuis le départ des troupes américaines fin 2011, interviennent sur fond d'une escalade des violences qui ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2008, lorsque le pays sortait tout juste d'un conflit confessionnel particulièrement meurtrier, après l'invasion américaine de 2003. Depuis le début 2014, près de 3.000 personnes ont péri dans des attaques, que ni l'armée ni la police, elles-mêmes régulièrement visées, ne parviennent à juguler. Les candidats aux législatives jouent eux-mêmes sur les divisions confessionnelles, alimentées par la crise syrienne. Au pouvoir depuis 2006, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, espère remporter un troisième mandat, bien qu'il soit contesté par la minorité sunnite et accusé par ses détracteurs de se comporter comme un «dictateur».