l'artiste se considère comme un mélomane de la musique universelle. Les 65 ans atteints, Mabrouk Hamaï, se dit tout fier de les avoir consacrés à la promotion de la musique algérienne, dans toute sa diversité. Et pourtant, la tâche n'y était pas, à l'époque, de tout repos pour cet artiste qui, en 1965, avait entamé sa longue et riche carrière au conservatoire d'Alger sous la férule de l'un des «dieux» de la musique classique algérienne, feu Boudjemaâ Fergane, en l'occurrence: «l'homme grâce auquel, dit-il, j'ai pu transcender les dures échelles du succès» Mettant à profit les précieux enseignements du maître, le jeune Mabrouk, précocement, se distingua par son aptitude à maîtriser la cithare, son instrument fétiche et pour lequel, d'ailleurs, il dit avoir voué toute son existence. Pourquoi la cithare? : «Au début, je m'initiais au mandole mais Boudjemâa [Fergane] insistait pour que je prenne des cours de cithare (...) et c'est ainsi que j'ai pris attache avec cet instrument qui changea le cours de ma vie» dira-t-il. Fort de son expérience au Conservatoire d'Alger, lieu où se frottaient, mélodieusement, les titans de la musique algérienne à l'instar d'El Anka, Dahmane Benachour, Abdelkrim Dali, Moh Seghir Laâma...le nouveau cithariste, fonctionnaire alors, à la Direction générale de sûreté nationale (Dgsn), s'embarque dans une nouvelle et passionnante expérience. Il fût envoyé, par son institution, au même titre que d'autres artistes, pour une formation musicale sous l'égide d'une pléiade de musiciens orientaux de talent. Il découvrit, alors, toute la richesse de la musique arabe dont il s'est dit, largement, inspirée pour enrichir son répertoire. De là, il contribua à la création de l'orchestre symphonique de la Dgsn au sein duquel il donna libre cours à sa verve musicale faisant de lui un maître de du «Kanoun». Simultanément, Mabrouk, dont la notoriété s'affirmait dans un domaine connu pourtant pour son conservatisme, égayait les fêtes familiales en accompagnant les ténors de la musique châabie; El Hadj El Anka, Amar El Achab par la suite Boudjemâa El Ankis, Amar Ezzahi...pour ne citer que ces quelques exemples. Musicien accompli et à l'apogée de son talent, l'artiste qui, altièrement, se considère comme un mélomane de la musique universelle, ne cache pas pour autant son penchant «maladif» pour le châabi : «Une musique qui traverse, selon lui, une période tumultueuse en raison du peu de crédit dont elle fait l'objet» explique-t-il. Ce qui attise le plus son courroux ce sont «ces jeunes chanteurs qui aspirent, d'après lui, à s'imposer sans fournir le moindre effort». Alors que «sans sacrifice la carrière de chaque prétendant est vouée à l'échec» observe notre musicien, non sans regret. Dans son sévère réquisitoire contre l'état actuel de la musique châabie, Mabrouk évoque les limites du personnel encadreur du conservatoire d'Alger d'où s'explique selon lui, le piètre niveau d'un certain nombre de jeunes apprentis lesquels subissent, à leur corps défendant, la médiocrité des responsables de cette institution. Cela dit, le disciple de Boudjemâa Fergane affirme vouloir rester optimiste quant au sort réservé à cette musique. Aujourd'hui, Mabrouk, enseigne la cithare à l'institut supérieur de la musique, sis à la place des Martyrs à Alger, où il continue à mener son combat non seulement pour la sauvegarde de cette musique mais surtout pour l'enrichir davantage en propulsant, en haut lieu, les jeunes élèves qui seront, peut-être un jour, des Ankas, des Skandrani ou des...Hamaï