Le complot, copié sur celui du Mossad, a permis de noyer villes et villages de notre pays. Des sources recoupées et sûres nous apprennent qu'au lendemain de la réouverture de nos frontières avec le Maroc, Rabat en avait profité pour ourdir un gigantesque complot visant à affaiblir durablement l'Algérie. Copié sur ce qu'avait fait Tsahal avec l'Egypte ou bien les Vietnamiens avec les GI's américains, concocté par la Dst marocaine, avec la bénédiction du Palais, le complot a visé à noyer l'Algérie sous des dizaines de tonnes de drogue. Si au début de cette «invasion», ce produit était rare et trop coûteux, grâce aux bons soins des services spéciaux de Sa Majesté, il a fini par se «démocratiser». Les ravages actuels sont tels qu'il n'existe plus aucune ville, ni encore le plus reculé village, qui ne dispose pas de un ou plusieurs «dealers» proposant ce poison à des prix risiblement bas. Très simple comme complot, la démarche consiste à «détruire» la jeunesse algérienne, ce qui revient à hypothéquer l'avenir du pays et, partant, ses capacités à s'imposer face à ses rivaux. Alger, qui faisait face à un terrorisme féroce qu'elle a été contrainte de combattre seule pendant de trop longues années, a été forcée de délaisser la lutte contre la drogue, notamment contre l'entrée illicite de ce produit, nous venant tout droit des frontières marocaines. La filière, parfaitement rôdée, était gérée par les services spéciaux marocains, avec la bénédictions de plusieurs ministres. L'un d'eux, l'ancien tout-puissant Driss Basri, était l'homme des sales besognes de Hassan II. Ce commerce a tellement bien marché, semble-t-il, que le Maroc s'est vu forcé de planter des dizaines de milliers d'hectares de cannabis sur nos frontières ouest, afin de mieux faciliter le trafic. Des études recoupées, reprises par des Ong qui ne désespèrent pas que Rabat soit condamné un jour par la communauté internationale, soulignent que ce trafic illicite a permis d'enrichir plusieurs pontes du système, y compris des ministres. Les agents en charge de la lutte contre les narcotrafiquants estiment que cette activité représente un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de dollars, constitue le principal revenu, directe ou indirect de 3 millions de Marocains, et représente la principale ressource financière de ce pays, avec pas moins de 10 % de son PNB (produit national brut). La surface agricole exploitée par ce genre de commerce avoisine les 134.000 hectares. Une économie basée sur le «narcotrafic» Cette activité, connue pour être l'une des plus criminelles au monde, devrait entraîner le jugement de ceux qui s'en sont rendus coupables du temps où l'Algérie, fragilisée, ne pouvait guère y faire face. Cela est d'autant plus vrai que durant les années 1990, même les groupes terroristes trouvaient grâce auprès des autorités marocaines, qui les toléraient à leurs frontières, véritable lieu de repli face aux coups de boutoir des services de sécurité algériens. Il est vrai que les choses ont nettement changé depuis. C'est le Maroc, à présent, qui fait face à une poussée de fièvre islamiste sans précédent. Les terribles attentats de Casa n'en sont que l'émanation la plus apparentes puisque, désormais, il ne se passe plus un jour, que de nouvelles arrestations ne soient opérées, des attentats déjoués et des cellules dormantes démantelées. Celui qui joue autant avec le feu, doit forcément se préparer au retour de flamme, soulignent les observateurs au fait de l'islamisme intégriste. Idem pour la drogue. Si les prises algériennes se font de plus en plus nombreuses et importantes, jusqu'à atteindre parfois plusieurs tonnes en une seule fois, et toujours à nos frontières avec le Maroc, ce royaume fait face à un grave et insoluble problème de toxicomanie quasi collective, qui inhibe chez lui toute volonté de modernisation véritable et durable. A simple titre de rappel, la Gendarmerie nationale a traité durant ce mois d'avril 140 affaires de trafic de drogue, saisi 1175 kg de kif traité et arrêté 194 personnes à travers le territoire national. Sur les traces du Mossad La France, qui n'est pas en reste, a elle aussi été accusée par des Ong et des associations de lutte contre la toxicomanie de s'être toujours refusée à exiger du Maroc qu'il éradique ses cultures illicites. Les observateurs se demandent ainsi si en agissant de la sorte, l'Elysée qui a tant d'ascendant sur le trône chérifien, n'a pas cherché à préserver ses liens privilégiés avec Hassan II? Pour revenir au complot en lui-même, il faut dire qu'il a été concocté par les services secrets marocains, avant d'être approuvé par les autorités politiques de l'époque. Ce faisant, il s'est largement inspiré de ce qu'ont fait les Vietmins contre GI's, encouragés à consommer de la drogue dure, jusqu'à en devenir «accrocs», avant de se laisser prendre comme des rats dans des embuscades. Le même procédé, autrement plus élaboré, a été décidé par Tsahal, l'armée israélienne. Vingt ans durant, entre 1976 et 1996, trois années après la terrible guerre de 1973, les officiers israéliens ont oeuvré à introduire et à vendre de la drogue, notamment du haschisch, aux troupes égyptiennes stationnées sur la ligne de front afin de les rendre moins combatives. La filière, devait-on apprendre par la suite, suivait le canal de Suez et le mont Sinaï. Alors que de nombreuses prises étaient effectuées aux frontières, le complot a fini par être définitivement éventé, lorsque la presse mondiale a fait état, en avril 1996, du cas d'un officier égyptien, Amer Salman, reconnu coupable d'avoir tenté d'introduire en Egypte 12 kilogrammes d'héroïne. Lors de son procès, Amer Salman a reconnu avoir agi sur instigation du Mossad, services secrets israéliens. Il a été condamné aux travaux forcés. Preuve en est que l'histoire se répète et qu'il est rarement question de changer une formule qui marche bien. Les ravages causés par la drogue marocaine sur les jeunes Algériens sont tout simplement énormes. Seule consolation : les autorités entreprennent de pied ferme de lutter contre ce fléau aussi bien en démantelant les réseaux de dealers qu'en tentant d'offrir de meilleures perspectives à la jeunesse, qui en est touchée de plein fouet.