Le royaume chérifien a encore mis en avant le «complot international» ourdi de l'extérieur. Des Sahraouis d'El Ayoun, chef-lieu du Sahara occidental ont tout au long de la semaine, entre mardi et samedi, manifesté pour l'indépendance. Manifestations qui ont été violemment réprimées par la police anti-émeutes qui s'est livrée à une véritable ratonnade sur une population qui exprimait son ras-le-bol. Vendredi, ce sont les étudiants sahraouis -qui ont manifesté, dans le campus universitaire de Rabat, leur solidarité avec leurs compatriotes d'El Ayoun-, qui ont fait l'objet d'une répression d'une rare violence de la part des éléments de la gendarmerie et de la police. Les autorités marocaines qui se sont évertuées à minimiser les événements d'El Ayoun, de Smara et de Dakhla, et tout récemment de Rabat, se sont quelque peu emmêlés les pattes, en affirmant d'un côté la «banalité de l'incident» de ces derniers jours tout en mettant en avant de l'autre côté la thèse éculée des «comploteurs de toujours», tentent de trouver des coupables à l'extérieur au moment où le peuple sahraoui relève la tête et dit haut et fort sa soif de liberté. A court d'arguments pour expliquer ce qui se passe dans un territoire tenu sous le black-out et interdit à la presse internationale, -ce qui n'empêcha pas les télévisions espagnoles de diffuser des images des ratonnades d'El Ayoun et de Rabat-, le royaume chérifien, comme à son accoutumée, fabule et ressort un improbable complot ourdi de l'étranger, au moment où la tension n'a cessé ces dernières semaines de monter dans les territoires sahraouis occupés, que montrent éloquemment les manifestations d'un peuple qui n'a pas droit au chapitre dans son propre pays réclame son droit à l'indépendance. Le Maroc s'est enfermé ces dernières années dans une logique absurde et suicidaire en refusant d'appliquer le plan de paix onusien, ratifié pourtant autant par Rabat que par son belligérant le Front Polisario. En fait, face aux difficultés, économiques et sociales, auxquelles est confronté le royaume au plan intérieur, Rabat s'est lancée dans une vaine fuite en avant, ignorant la médiation internationale et se recroquevillant sur une position de plus en plus indéfendable. D'autant plus indéfendable que le Maroc qui affirme la «marocanité» du Sahara occidental, est prêt d'accorder à cette «province marocaine» une «large autonomie», qui la distinguerait des autres provinces marocaines. Or, si Rabat était aussi sûre que cela de la «marocanité» de ce territoire, pourquoi alors se lance-t-elle dans une politique désespérée, créer un Etat dans l'Etat, avec le risque à terme de faire sauter le consensus national marocain, les Rifains, les Chaouias et autres régions exigeant à leur tour leur autonomie. L'intransigeance du palais royal a en fait mis le royaume marocain dans une situation délicate d'autant plus que la question du Sahara occidental, -consignée par les Nations unies comme une question de décolonisation relevant de sa compétence-, a peu de chance de trouver sa solution selon les desiderata de Rabat. Aussi, en persistant dans sa fuite en avant, en ne voulant pas voir la réalité en face, en tentant de faire taire les Sahraouis en utilisant la répression policière, Rabat ne fait que contribuer à mettre davantage le royaume au pied du mur. Car en persévérant à refuser d'appliquer les résolutions de l'ONU sur le Sahara occidental, le Maroc ne fait qu'accentuer sa mise au ban de la communauté internationale laquelle n'est plus dupe des manoeuvres marocaines pour faire avaliser son occupation d'un territoire qui ne lui appartient pas.