Mis en scène par Caroline Loeb, le spectacle, le second en Algérie a mis le feu à la salle Ibn Zeydoun... Les Orientales, ce sont trois charmantes femmes, Saleha, Sylvie Denia et Mona de Radio El-Bahdja, les solistes de ce spectacle. C´est aussi un orchestre complet à violon, piano, derbouka, conga, contrebasse, tar et tout le toutim. Son nom Bab El Marseille tire son essence de l´origine de la formation musicale: franco-algérienne. Son originalité réside dans l´hommage qu´elle rend au music-hall d´Algérie. Sous l´impulsion de Gil Aniorte-Paz, petit-fils d´Espagnols d´Oran, l´orchestre à cordes de la Radio algérienne s´est unie avec le groupe marseillais Barrio Chino. Après des résidences de travail réalisées à Alger, Marseille, la Rochelle et Paris pour l´Année de l´Algérie en France, il en a tiré un spectacle joyeux, coloré et déluré, dont l´apanage est de transmettre ce patrimoine oral: un important travail de recherche sur plus de 300 oeuvres, de relevé de partitions, d´écriture de scores et d´arrangements menés en amont sous la direction de Gil Aniorte-Paz durant trois années. Mardi dernier, la salle Ibn Zeydoun a vibré au son de ces vieilles chansons des années 30. Les trois solistes s´évertuaient avec énergie de les raviver à notre mémoire. Cependant, l´accent en arabe pour certains sonnait faux. Cela n´est pas très grave. C´est connu, la fièvre festive coule dans les veines des Algériens. Ces derniers ne demandaient qu´à s´amuser et à danser. «Les Orientales, c´est un hommage au music-hall, à l´Andalousie, à la flamme d´Andalousie qu´il y a entre nous!», crie Sylvie. En trio ou seules, les chanteuses ont égrené un riche répertoire reprenant bien souvent des tubes de Lili Boniche dans un titre où il déclare son amour à Alger ou dans El ouarka el meskina mais aussi Farid El Atrach avec Mak, Mesame Morchode Dalida, avec une belle version rythmée en arabe ou encore des morceaux tirés du répertoire classique andalou et savamment interprétés au kouitra par Mona avec Haram alieka nouassi... Tango dodelinant, flamenco ou un air de bal musette, la fête était à son comble lorsque les youyous fusaient de partout. Du coup, on était projeté des années en arrière, dans ces vieux cabarets du temps où ce style de musique était en vogue en Algérie et ces chanteurs juifs ou pieds-noirs, adulés.