Osman B. Karabacak, gérant de Turkuaz Events C'est vers l'Algérie que les entrepreneurs turcs tournent désormais leurs regards. Les producteurs de lait turcs lorgnent le marché algérien. L'on annonce l'arrivée imminente d'industriels turcs, lesquels auront à effectuer des rencontres avec leurs homologues algériens en vue de prospecter les voies d'un partenariat dans la filière laitière. Une filière qui a le plus grand mal à décoller dans notre pays et ce d'autant que les dernières statistiques révèlent que l'Algérie ne produit en moyenne qu'un tiers de sa consommation annuelle, alors que quelque 2 milliards de litres par an proviennent de l'importation. C'est donc vers l'Algérie que les entrepreneurs turcs tournent désormais leurs regards. Asud ou Association des industriels turcs des produits laitiers, laquelle représente plus de 75% des producteurs de la filière lait, vient en effet de diligenter en éclaireur son secrétaire général, le Dr Ismail Mert, sur le sol algérien en vue de préparer le terrain à ces importantes rencontres d'affaires. Ces dernières étant prévues pour le 9 juin prochain, verront la présence de pas moins d'une vingtaine de sociétés turques. Le Dr Ismail Mert précise: «Ce rendez-vous très attendu permettra de dégager les possibilités de coopération avec la partie algérienne, surtout que nos entreprises sont très confiantes et prêtes à investir dans ce domaine stratégique.» 17e puissance économique mondiale, la Turquie ne peut qu'être très bien accueillie par l'Algérie qui la compte déjà comme second partenaire économique et commercial en importance. L'agro-industrie turque s'est particulièrement imposée sur la scène internationale, notamment depuis 2009 et arrive à exporter les produits laitiers vers de nombreux pays. Cette orientation vers l'export intervient après une large satisfaction de sa consommation interne. Membre du G20, la Turquie se tourne finalement vers l'Algérie, dont les importations de lait de transformation ont atteint 463,71 millions de dollars, durant le premier trimestre 2014, contre 325,41 millions de dollars à la même période de l'année écoulée, en hausse de 42,50%. Les quantités importées de lait sont estimées à 92 092 tonnes durant les trois premiers mois de cette année contre 86 751 tonnes à la même période de l'année écoulée, également en hausse de 6,15%, selon des chiffres provisoires du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes. L'importante hausse de la valeur des importations par rapport aux quantités importées qui n'ont augmenté que de 6,15%, s'explique selon les professionnels par une hausse des prix de la poudre de lait sur le marché mondial, dopée essentiellement par une forte demande de la Chine, premier importateur mondial. En effet, les prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux ont enregistré en 2013 une hausse sensible. Entre septembre et décembre, le rythme s'est accéléré, variant entre 32 et 47%, a-t-on indiqué. Rappelons que la production nationale du lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) connaît, bien que de manière épisodique, des perturbation dans la distribution. L'Algérie produit actuellement environ 3,5 milliards de litres de lait cru par an et en importe l'équivalent de 1,5 à 2 milliards de litres, alors que la consommation est estimée à plus de 5 milliards de litres/an, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Selon les estimations de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), l'Etat consacre annuellement plus de 46 milliards de DA au soutien de la filière lait pour encourager la production et réduire la facture d'importation qui avait atteint l'année écoulée 1,13 milliard de dollars. Afin d'atteindre cet objectif, l'Etat a mis en place un dispositif de développement de la production laitière nationale qui prévoit entre autres une prime de 4 DA/litre pour l'intégration du lait cru dans le processus de transformation, alors que les laiteries qui utilisent totalement leurs capacités pour la production de lait en sachet à partir de lait cru ont une prime de 7 DA/litre. Ce dispositif prévoit également plusieurs mesures incitatives «importantes» au profit des éleveurs, des collecteurs, des transformateurs et récemment même des producteurs de certains aliments de bétail comme le maïs et la luzerne. Le développement de la filière lait s'inscrit dans le cadre de la politique agricole, dont l'objectif est de mettre en place une filière laitière intégrée et rassemblant les différents acteurs intervenant, soit en amont ou en aval de cette filière (producteurs, collecteurs, transformateurs, structures techniques, office interprofessionnel et fournisseurs des intrants).