Djaballah estime «irrévérencieuse» toute déclaration évoquant la fragilité de son parti. L'échec de la dernière présidentielle continue de tarauder le leader d'El Islah, M.Djaballah. C'est ce qui a été déduit, avant-hier, dans son intervention à l'occasion de la session ordinaire du conseil consultatif du parti. En fait, le discours de Djaballah devant un parterre de militants a été empreint de beaucoup de déception, mais aussi de révolte, quant à ceux qui crient à la descente aux enfers d'El Islah, suite à la dissidence des députés Fellahi et Akouchi. «Le mouvement El Islah est-il au bord du gouffre comme prétendent certains organes de presse?» s'est interrogé l'orateur tout en répondant : «Ces gens qui veulent mettre à genoux notre mouvement ne pourront point ébranler notre certitude d'être sortis de la présidentielle plus grandis». Cette «certitude» est illustrée par «les territoires que nous avons conquis et dont nous étions absents pendant les législatives de 2002. De 628 communes, nous sommes passés à 1200». Par contre, les formations politiques qui risquent de passer au laminoir sont selon Djaballah, «celles qui ont été ensorcelées par le pouvoir pour se métamorphoser en comités de soutien au détriment de l'éthique politique». Allusion faite à la composante de l'alliance présidentielle (RND, FLN, MSP). Celle-là même, a t-il enchaîné, «qui assiste, à son corps défendant à la perversion du programme qu'elle a soutenu». Plus explicite, il reproche d'ores et déjà au chef de l'Etat, M.Bouteflika, d'avoir «leurré» les Algériens par une réconciliation nationale vague dans ses objectifs. Toujours accroché à ce concept fétiche dans le vocabulaire politique national, le numéro 1 d'El Islah croit que l'espoir de voir une véritable réconciliation s'enraciner dans les institutions de la République, s'est évaporé au moins pour cinq années. A l'appui de ce constat, trois «faits pertinents». D'abord, il eut l'exclusion du FIS dissous de tout débat politique, en sus de l'enterrement du dossier des disparus, le verrouillage du champ médiatique et de tous les espaces d'expression libre. Et de rappeler aux présents cette affirmation du chef du gouvernement : «La réconciliation que nous comptons concrétiser n'a aucune affinité avec celle prônée par certains». Les «certains», Djaballah ne doute pas de leur identité: «Ouyahia faisait allusion à nous». Une autre stratégie afin de se soustraire de l'embarras de l'impopularité après un score électoral insignifiant. Concernant le prochain congrès du parti, l'homme fort d'El Islah a recommandé la «mobilisation» à ses troupes en vue de faire de ce rendez-vous, a-t-il dit, «un moment historique».Vu son importance, cette perspective s'est taillée la part belle des travaux du conseil consultatif, tel indiqué dans le communiqué final. Vraisemblablement, les «redresseurs» chapeautés distinctement par Fellahi et Akouchi, ne pèseront pas lourds dans la balance décisionnelle du fait de la fidélité affichée par les figures de proue à l'actuel leader. Mais au-delà des considérations organiques et les polémiques de salons, le vrai test de représentativité reste incontestablement celui du terrain. Pour l'heure, El Islah n'en est pas là.