Le désormais ex-leader d'El Islah n'en est pas à sa première épreuve. Comme après En-Nahda, il est sûr de rebondir cette fois encore. Les partisans de Abdallah Djaballah, président du mouvement El Islah, exclu par le congrès des redresseurs, sont déterminés à marquer avec force leur présence aux élections législatives. La commission de préparation des élections du parti s'est réunie, jeudi, sous la présidence de M.Djaballah, afin d'étudier et définir les démarches et méthodes à suivre pour la participation aux prochaines échéances, selon un communiqué parvenu, hier, à notre rédaction. A en croire les rédacteurs du document, toutes les démarches entreprises, à ce propos, sont pratiquement finalisées. Le communiqué ne précise pas, en revanche, la nature et la forme de ces démarches. Le leader islamiste, M.Djaballah s'est déjà exprimé sur cette question en déclarant que le parti n'écarte pas sa participation aux législatives dans des listes indépendantes. Les partisans de Djaballah sont revenus sur la situation interne et les derniers développements qu'a connus le parti. Ils rappellent que le congrès tenu, le 1er mars 2007, par le mouvement des redresseurs «est illégitime». Un recours administratif remettant en cause l'autorisation délivrée par l'administration pour la tenue du congrès ainsi que l'illégalité de ce dernier avait été déposé au niveau du ministère de l'Intérieur, rappelle-t-on. Le premier responsable de ce département, M.Noureddine Zerhouni, avait alors exprimé sa disponibilité au dialogue et avait promis d'étudier «soigneusement, avec rigueur et d'une manière responsable» le dossier, selon M.Djaballah. «Cette commission n'est pas une institution juridique du mouvement. De plus, elle est issue d'une session illégitime tenue par les redresseurs le 14 novembre 2004 dont certains ont été exclus par décision de justice», avait-il expliqué, récemment lors d'une conférence de presse. A ce propos, la commission de préparation des élections interpelle le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika pour le règlement de ce conflit «afin de sauver la réputation des institutions de l'Etat et préserver le pluralisme politique et l'indépendance des partis politiques». Elle salue les militants, les membres du conseil consultatif, les parlementaires, les présidents de bureaux et conseils consultatifs de wilaya de cette formation politique ainsi que les personnalités et les partis politiques, pour leur solidarité avec le président Djaballah. Quoi qu'il en soit, les coups bas et autres peaux de bananes, Abdallah Djaballah y est habitué. El-Islah est le deuxième parti qu'il aura créé avant d'en être évincé. Sa première formation fut le parti d'En-Nahda. Des dissidents avaient pris les rênes et éjecté leur leader avec la bénédiction et la validation de l'administration. Bizarrement, son successeur à l'époque à la tête du parti est aujourd'hui... ambassadeur d'Algérie à l'étranger. Loin de rester les bras croisés, Abdallah Djaballah se remet en selle en créant un nouveau parti, El-Islah, qui connaît aussitôt un succès populaire au point de décrocher plusieurs sièges au Parlement. On a l'impression, à la veille des législatives du 17 mai 2007, d'assister au remake de l'affaire En-Nahda. El-Islah vient de changer de main avec, comme pour la première fois, la bénédiction et la validation de l'administration. Une fois encore, Djaballah relève le défi et annonce qu'il ne renonce pas aux législatives. Il fait preuve d'une capacité de résistance qui aura l'avantage de lui attirer une estime populaire non négligeable. Une position de «martyr» qui le servira plus encore. Loin de le défaire, l'administration l'aura involontairement aidé en lui permettant de se doter d'un capital de sympathie non négligeable. Djaballah le sait. Il aurait tort de s'en priver.