Pour Djaballah, les politiques d'atteinte à la stabilité des partis politiques constituent un danger pour le pays et la société plus qu'elles ne portent atteinte aux partis eux-mêmes. «Nous sommes en droit de recourir à la justice si les portes administratives sont fermées», a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse, d'un air très serein, Abdellah Djaballah, président «déchu» du mouvement El Islah, exclu par le congrès des redresseurs. Il a précisé que «nous avons déposé un recours administratif remettant en cause l'autorisation délivrée par l'administration pour la tenue du congrès ainsi que l'illégalité de ce dernier. Nous prévoyons que la réponse du département de l'Intérieur sera donnée le plus tôt possible», a-t-il affirmé. Djaballah est longuement revenu sur le contenu du dossier remis, samedi dernier, au ministre de l'Intérieur, M.Yazid Zerhouni. «Nous avons remis un dossier complet qui prouve les dépassements des exclus (redresseurs)», a-t-il dit. Le ministre avait alors, souligne-t-il, exprimé sa disponibilité au dialogue et avait promis d'étudier «soigneusement, avec rigueur et d'une manière responsable» le dossier. Ce dernier, sur lequel va statuer la direction des libertés publiques et des affaires juridiques, démontre clairement qu'en aucun cas, la commission de préparation du congrès, installée par le conseil consultatif, n'a le droit de déposer une autorisation de congrès. «Cette commission n'est pas une institution juridique du mouvement. De plus, elle est issue d'une session illégitime tenue par les redresseurs le 14 novembre 2004 dont certains ont été exclus par décision de justice», clame-t-il. Selon lui, il n'y a que le président du parti d'El Islah ou le conseil consultatif (madjliss echoura) avec les deux tiers de ces membres, qui ont le droit de déposer une demande pour la tenue du congrès. «Ce qui n'était pas le cas», ajoute M.Djaballah. Parallèlement, le Conseil consultatif a déposé une demande d'autorisation pour organiser le congrès, mais refusée par le département de Zerhouni, réplique-t-il «Ces exclus du mouvement ont trompé le ministère», rétorque-t-il et d'ajouter que «nous voulons que notre travail soit basé sur des méthodes pacifiques». Il enchaîne que «le ministère de l'Intérieur a délivré une autorisation à des personnes pour tenir le congrès d'El Islah. J'estime que cette démarche est fausse et dangereuse qui menace le système politique algérien dans ses fondements». Pour Abdellah Djaballah, les politiques d'atteinte à la stabilité des partis politiques constituent un danger pour le pays et la société plus qu'elles ne portent atteinte aux partis eux-mêmes. Il a indiqué, par ailleurs, que la crise qui secoue actuellement le mouvement est un conflit comme d'autres en soulignant que le problème à l'intérieur des formations politiques est un phénomène naturel qui renseigne de la bonne santé de l'activité politique dans un pays. Toutefois, précise-t-il, ce n'est pas acceptable que les autorités officielles «s'immiscent dans les affaires internes d'un parti pour lui donner une valeur juridique». «Pour nous, c'est une atteinte aux droits et libertés individuelles et collectives, et c'est ce qui s'est passé d'ailleurs pour notre cas». Le leader islamiste considère que son parti n'a pas encore raté l'occasion et a tout le temps qu'il faut pour rattraper la situation et pour aller dans l'avenir vers un congrès réunificateur. Il conclut que le parti n'écarte pas sa participation aux législatives avec des listes indépendantes. D'ailleurs, le président du MSP, Boudjerra Soltani a déclaré, hier en marge de l'ouverture de la session de printemps du Sénat, à ce propos, que si Djaballah veut s'imposer dans ces échéances, il n'a qu'a se présenter avec des listes indépendantes pour arracher légalement les résultats qui lui donneront plus de crédibilité et lui permettra d'accéder au Parlement.