La classe politique est partagée sur ce projet de Constitution. Les partis du pouvoir approuvent, alors que l'opposition rejette. Satisfaction, frustration et non-évènement. Les partis et personnalités politiques sont partagés sur le projet de la nouvelle Constitution. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), a confirmé que son parti a reçu jeudi de la présidence de la République le document relatif à l'élaboration d'une Constitution consensuelle. Il indique à ce sujet que la Présidence a souligné dans ce document que les précédentes propositions des partis, des personnalités nationales et des organisations de la société civile ont fait l'objet d'«un grand intérêt». Amar Saâdani a ajouté que le directeur de cabinet à la présidence de la République a souligné, dans le document, que «la révision de la Constitution n'est soumise à aucune limite à l'exception des questions liées aux constantes et aux principes de la société algérienne». Pour lui, ce document a mis en relief l'importance des consultations que doit mener Ahmed Ouyahia pour dégager une Constitution consensuelle. Il a aussi insisté sur l'existence d'une intention sincère pour réaliser cet objectif. Visiblement satisfait par le projet de la nouvelle Constitution, Amar Saâdani a appelé les partis et personnalités nationales à participer aux consultations sur la Constitution afin de l'enrichir. «Je lance un appel aux partis, aux personnalités nationales et aux organisations de la société civile à participer à l'élaboration d'une Constitution consensuelle au profit de tous», a-t-il déclaré lors de l'installation de la commission chargée de formuler les propositions du parti du FLN sur la révision de la Constitution. «Une opportunité précieuse s'offre à nous pour dégager une Constitution consensuelle au profit de tous», a-t-il estimé tout en se disant convaincu que «le boycott des consultations est inutile et ne sert pas la démocratie». M.Saâdani a en outre indiqué que son parti «oeuvre pour l'élaboration d'une Constitution démocratique et sociale qui consacre le principe de séparation des pouvoirs et conforte l'indépendance de la justice et le rôle du Parlement et la place de la majorité au sein du gouvernement». Il a ajouté que le FLN plaidait pour l'élaboration d'une Constitution qui élargit «le champ des libertés, sépare les institutions et ouvre la voie aux partis pour exercer leur activité politique dans un climat sain et consacre un large espace à l'information et au respect de l'opinion d'autrui et à la participation de la société civile au processus de développement». Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh), a également fait part de sa satisfaction quant à cette mouture. «Je suis ravi (concernant la proposition portant sur la Réconciliation nationale)! Cela correspond exactement à ce que j'ai souhaité», s'est-il réjoui. «J'ai déjà dit que la Réconciliation nationale est un événement aussi important que le 1er Novembre. La Réconciliation nationale est la préservation de l'unité du pays», a-t-il rétorqué. Le Parti des travailleurs pour sa part refuse de commenter pour le moment les propositions de ce projet de Constitution. «C'est trop tôt pour faire part de notre satisfaction ou rejet de ces propositions. Le PT et toutes ses structures doivent d'abord les étudier en profondeur pour pouvoir donner un avis», soutient Djelloul Djoudi, porte-parole du Parti des travailleurs. Toutefois, il a tenu à réaffirmer la position du PT quant à l'élaboration de la nouvelle Constitution. «Le Parti des travailleurs a participé aux dernières consultations politiques, et participera encore aux prochaines pour émettre nos propositions qui vise à la refonte de la Constitution», assure-t-il. Néanmoins, le PT estime que les consultations ne doivent pas se limiter aux partis politiques. «Le peuple doit être associé à ce débat. On l'a toujours dit, cette Constitution est pour lui et c'est à lui de décider», soutient M.Djoudi. Par contre, pour le président du RCD, Mohcine Belabbas, ce projet de Constitution ne répond nullement aux attentes. «Une fois de plus, la Constitution est triturée pour des considérations conjoncturelles et clientélistes», peste t-il. «La seule information réelle, c'est le fait que le Premier ministre puisse suppléer aux absences du chef de l'Etat par la signature de décrets exécutifs», estime-t-il. «Tous les autres dossiers en débat au sein de la classe politique et de la société civile sont toujours ignorés», ajoute-t-il avec regret. Même son de cloche chez Ennahda. «À part le point relatif à la limitation des mandats présidentiels, il n'y a pas de changements», juge Mohamed Hadibi, cadre du parti. «On demandait de redéfinir le système de gouvernance, de renforcer le pouvoir judiciaire et le pouvoir du Parlement, or on ne retrouve pas cela dans ce projet», poursuit-il. Pour le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, c'est tout simplement un non- événement. «Je n'ai aucun commentaire à faire du moment où nous avons bien expliqué qu'on n'était pas partie prenante et que le problème n'est pas la Constitution mais la légitimité du pouvoir».