«Le président de la FIFA a reconnu que confier l'organisation du Mondial 2022 en été au Qatar, était une «erreur», relançant une polémique qui ne cesse d'enfler sur les conditions de l'attribution de la compétition à l'Emirat. M. Blatter a également pointé des pressions politiques de la France et de l'Allemagne pour favoriser le Qatar, lors du vote en décembre 2010. Des accusations rejetées par Paris et Berlin. A huit ans du coup d'envoi, et à quelques semaines de l'ouverture du Mondial au Brésil, le débat tourne au vinaigre quant à l'organisation de la compétition la plus populaire du monde dans ce très riche pays du Golfe, où les températures atteignent en été entre 40°C et 50°C. «Oui bien sûr», a lancé jeudi soir M.Blatter à un journaliste de la radio-télévision suisse RTS, qui lui demandait si la décision de faire jouer des matchs par 50 degrés avait été une erreur. «Vous savez, on commet beaucoup d'erreurs dans la vie», a-t-il ajouté. «Le rapport technique du Qatar indiquait bien qu'il faisait trop chaud en été, mais le Comité exécutif (de la Fifa) avec une majorité assez large a décidé qu'on (allait) jouer au Qatar». Le patron du foot mondial, qui vient d'annoncer qu'il comptait se présenter l'an prochain à sa propre succession, a du coup confirmé qu'il était «plus que probable» que la compétition se joue en hiver, sous des températures plus clémentes. Dans un communiqué, la Fifa a tenu à préciser ces propos, se refusant à la possibilité d'une ré-attribution de la compétition. «Le Président réitère que la décision d'organiser la Coupe du monde au Qatar en été était une erreur», explique-t-il. «Il n'a à aucun moment remis en question l'organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar». Pression française et allemande Depuis sa désignation, l'émirat est accablé d'accusations de corruption alors que des organisations de défense des droits de l'homme dénoncent les conditions de travail désastreuses des ouvriers étrangers sur les chantiers du Mondial. Pour expliquer ce vote 40 mois plus tard, Sepp Blatter écarte la question de la corruption mais évoque un puissant lobbying de Paris et Berlin. «Non, je ne dirai jamais qu'ils ont acheté (la compétition)», déclare-t-il, évoquant la conséquence de «la poussée politique» provenant notamment de Paris et Berlin dont il souligne les intérêts industriels. «On sait très bien que de grandes maisons françaises et de grandes maisons allemandes travaillent au Qatar. Mais ils ne travaillent pas seulement pour la Coupe du monde!», a souligné M. Blatter, affirmant que la Fifa «ne pouvait pas intervenir dans les considérations politiques». A Paris, le président français Nicolas Sarkozy avait organisé une réunion, avec notamment le président de l'UEFA Michel Platini et le Premier ministre du Qatar avant l'attribution du Mondial. M. Blatter affirme ne pas avoir été «choqué» par cette réunion, d'autant qu'il en a été «informé immédiatement après» en toute «transparence». «Je vois mal le président suisse (convoquer) le président de la Fifa pour lui dire il faut voter ceci ou cela», a-t-il cependant ajouté. Des accusations fermement balayées par les intéressés. «Les allégations du président de la Fifa sur des prétendues pressions qu'aurait exercées la France au moment de l'attribution de la Coupe du monde de 2022 sont sans fondement», a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Romain Nadal, lors d'un point de presse. «La désignation d'un pays pour l'organisation de la Coupe du monde relève de la Fifa elle-même, c'est l'ensemble de son comité exécutif qui le choisit à travers un vote». Idem à Berlin où un porte-parole a renvoyé à des commentaires datant de novembre, dans lesquels un porte-parole de la chancelière Angela Merkel affirmait qu'il n'y avait eu, «à aucun moment, une recommandation à un membre allemand du conseil exécutif de la FIFA» pour désigner le Qatar. Plusieurs obstacles se dressent sur la route d'un Mondial hivernal, dont l'opposition des Fédérations des sports d'hiver, inquiètes de la concurrence qu'exercera le sport roi. Il faudra aussi calmer la colère des pays battus lors de la désignation et trouver des arrangements avec les ligues professionnelles européennes, notamment anglaise. De son côté, le Qatar a indiqué s'être déjà préparé à toute éventualité, en concevant des stades climatisés dans lesquels la température serait maintenue autour de 26-28 degrés.