L'appel de Tighrem lancé par des anciens militants du Mouvement culturel berbère pour célébrer le 34ème anniversaire du Printemps berbère a été catalyseur à plus d'un titre. Pour preuve, l'exemplaire marche rassembleuse organisée par le MCB de Bgayet le 20 avril 2014 et les activités qui ont marqué le 3 mai coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cet élan, qui a suscité beaucoup d'espoir dans la sphère militante a continué dans sa lancée pour célébrer, pour la première fois, d'une manière large et solidaire, le fameux soulèvement du 19 mai 1981. Pour ce faire, conférence-débat, recueillement, marche et meeting sont au programme de cette journée à Béjaïa. Après la table ronde organisée par le comité scientifique de l'université, l'APW de Béjaïa, avec ses différentes tendances politiques organise une conférence-débat sur les évènements. Le MAK a opté pour une marche populaire à partir de 11h de l'université vers le siège de la wilaya. Quant au MCB Bgayet, ses militants ont choisi de faire un meeting populaire pour baptiser le carrefour Nacéria au nom du «carrefour du 19 Mai 1981», des activités qui veulent restituer l'histoire et redonner sa véritable place à ce soulèvement historique. En effet, si tout le monde a en mémoire le Printemps berbère relatif aux événements du 20 avril 1980, rares sont nos jeunes aujourd'hui et plus particulièrement nos étudiants à connaître cette autre date déterminante dans le combat démocratique de notre pays. On l'appelle «Tafsut N'Bgayet, le Printemps de Béjaïa». Un printemps pas comme les autres. Un printemps qui a connu un soulèvement préparé, coordonné et mené par des jeunes lycéens. En effet, dans le prolongement du mouvement d'avril 1980 qui a éclaté en Kabylie, dans un environnement hostile à toute forme d'expression sortant du cadre officiel et dans la clandestinité totale, ces jeunes, certains encore mineurs au moment des faits, avaient comme seule arme leur unique volonté de changement exprimé par leurs revendications dans un tract diffusé pour un appel à une manifestation pacifique. Après plusieurs tentatives pour marcher dans l'ex-capitale des Hammadites, où la mobilisation montait crescendo pour la libération des 24 détenus d'avril 1980, ces jeunes de cinq lycées que comptait la wilaya de Béjaïa, ont soigneusement préparé le soulèvement du 19 mai 1981 dont la toile de fond est montée contre le «détournement du projet de l'université de Béjaïa». Ces jeunes ont su bâtir des éléments fondamentaux dans la vie combative. Des tracts ont été écrits d'une manière simple pour appeler à manifester pour les libertés, l'amazighité et la justice sociale.«le 20 avril 1980 et le 19 mai 1981 sont deux piliers fondamentaux de notre combat pour les libertés et la cause amazighe. Ces deux piliers sont d'une importance capitale», nous déclare Aziz Tari un détenu d'avril 1980 et de mai 1981. «Le soulèvement du 19 mai 1981 n'est pas le fait d'un hasard. Après plusieurs tentatives pour marcher pour la libération des détenus de 1980, on a profité de la date du 19 mai qui était un double anniversaire de l'étudiant et de la jeunesse. Nous avons fait de «l'entrisme» en utilisant les locaux et les moyens de l'Unja...la détermination et l'engagement des lycéens que nous étions a été un élément fondamental dans la réussite historique du soulèvement», nous déclare, de son côté, Mohand Larbi Boutrid dit Nacer, un autre détenu de mai 1981 ayant obtenu à deux reprises le Bac en prison.