«Nous vivons un danger permanent dans ces habitations», a déploré un occupant du vieux bâti du quartier de Derb. Trois familles se retrouvent à la rue après l'effondrement total des toitures de leurs habitations sises dans le quartier du vieil Oran, Sidi El Houari. L'écroulement a eu lieu au début de la nuit de samedi à dimanche sans provoquer des dégâts humains, hormis des dommages matériels. «Nous avons été surpris par la chute des plafonds dont le bruit ressemble à un tremblement de terre», a affirmé l'un des sinistrés. Les trois familles sont, depuis l'écroulement de leurs habitations, contraintes d'élire la rue comme logis, sous des tentes, en attendant les mesures à prendre par l'administration locale quant à leur éventuel recasement. C'est devenu une habitude: qu'il pleuve ou qu'il vente, la panique s'empare des habitants des 54.000 constructions classées vieux bâti que compte la wilaya d'Oran. Un petit mauvais climat oblige les occupants du vieux bâti à sortir dans la rue. Tout en dénonçant leurs conditions de vie précaires, ils réclament un relogement d'urgence tout en dressant leurs tentes dans les coins des rues en bloquant la circulation. Chacune des petites averses fait des ravages souvent irrémédiables. En 2007, de fortes pluies tombées pendant trois jours consécutifs ont provoqué l'effondrement d'une maison dans le quartier d'El Hamri et le décès de trois personnes d'une même famille. Les habitants des vieux quartiers vivent dans une angoisse permanente. Ils n'hésitent plus à recourir à la rue pour exprimer leur désarroi. Tout récemment, des dizaines d'Oranais sont sortis dans la rue de quelques quartiers populaires comme les villes Ras El Aïn et Derb pour protester contre le cauchemar qu'ils vivent. «Nous vivons un danger permanent dans ces habitations», a déploré un occupant du vieux bâti du quartier de Derb, ajoutant que «nous ne pouvons pas fermer l'oeil et beaucoup se réfugient dans la rue par peur des effondrements, notamment lorsqu'il pleut».Les ruelles du centre-ville, notamment dans les quartiers populaires, sont transformées en ruisseaux en plein centre urbain. Les sinistrés dressent des dizaines de tentes. Aucun secteur n'est épargné par le phénomène d'abris de fortune que des familles dressent hâtivement pour se protéger des risques réels d'écroulement partiel ou total de leurs habitations. Du reste, la majorité des quartiers d'Oran est menacée par le risque d'effondrements et des centaines de familles continuent à vivre dans la crainte du drame (sur les 54.000 constructions classées vieux bâtis, 10% sont destinées à la destruction et 27% nécessitent une réhabilitation, selon les estimations). Cela, en dépit des efforts des autorités locales et des opérations de relogement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), dont la dernière en date a vu le transfert, il y a plusieurs mois de 105 familles dans la commune de Gdyel. Les effondrements ne sont pas un simple point de vue tant que ces derniers continuent à faire l'actualité dans une ville qui se cherche sur tous les plans.En cinq années, la deuxième ville du pays a enregistré plus de 1200 cas faisant une dizaine de morts et plusieurs dizaines de blessés. A Oran, ce sont près de 2000 immeubles qui sont classés zone rouge, menaçant de s'écrouler à tout moment.