«Je reviendrai pour dévoiler tout le traquenard qui fait que je suis dans cette situation». Le directeur du Quotidien Le Matin, doit attendre deux semaines encore pour espérer le dénouement de son affaire. Prévu pour hier au tribunal d'El Harrach, le procès de Mohammed Benchicou, a été renvoyé au 14 juin. L'instance judiciaire a motivé ce report par l'absence de la partie civile en l'occurrence le ministère des Finances. L'affaire est liée à une histoire de bons de caisse saisis à l'aéroport d'Alger dans les bagages de M. Benchicou qui rentrait de Paris en août 2003. Le ministère des Finances a porté alors plainte contre le directeur du journal pour «infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements des capitaux» à la suite de la découverte de ces bons de caisse. Il se trouve depuis 278 jours sous contrôle judiciaire. En plus de ce report, Benchicou est toujours privé de sa liberté de quitter le territoire national et son passeport demeure confisqué. En effet, le tribunal d'El Harrach a refusé également hier, d'accéder à la demande des avocats pour la levée du contrôle judiciaire et la restitution du passeport de leur client. «La justice a raté l'opportunité d'adresser un message de sérénité à la société civile. L'abus se poursuit. Je le déplore. Entre-temps je continuerai d'écrire et de poursuivre le combat» a déclaré le directeur du quotidien Le Matin à sa sortie du tribunal. De son côté, Miloud Brahimi, un des avocats de M.Benchicou, s'est étonné du refus opposé par le tribunal quant à la levée des restrictions contre son client. «En principe, une fois le dossier renvoyé devant le tribunal correctionnel, la restriction n'est plus valable. Elle n'est pas une mesure coercitive d'autant plus que le tribunal a motivé cette mesure pour les besoins de l'enquête», a-t-il souligné. La mise sous contrôle judiciaire fait partie des nouvelles mesures adoptées par la justice algérienne depuis la fin des années 1990, pour éviter le mandat de dépôt. Tombé sous le coup de cette mesure, M.Benchicou, ne peut pas notamment, quitter le territoire national. Alors que son procès se déroulait au tribunal d'El Harrach, le directeur du Matin, en passe de battre le record de comparutions, a été convoqué le même jour, par la police au commissariat central pour une nouvelle affaire. Entre Samedi et mercredi derniers, il a comparu pour pas moins de sept affaires. «(...) Je reviendrai le 14 juin pour dévoiler tout le traquenard qui fait que je suis dans cette situation (...)» a affirmé M.Benchicou. Rappelons enfin que le procès de Benchicou se déroule au moment où Hafnaoui, journaliste et représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, comparaît devant la chambre d'accusation du tribunal de Djelfa.