Le procès du directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, se tiendra aujourd'hui au tribunal d'El-Harrach à Alger. Prévu pour le 31 mai dernier, il a été renvoyé à une date ultérieure, en raison de l'absence de la partie civile représentée par le ministère des Finances. Ce qui est appelé “L'affaire Benchicou”, rappelons-le, est lié à une histoire de bons de caisse en monnaie locale trouvés, en août dernier, sur sa personne à l'aéroport Houari-Boumediene alors qu'il revenait de France. L'interpellation du directeur du Matin lui a valu une mise sous contrôle judiciaire, qui dure depuis 292 jours. Les services des douanes ont qualifié d' “inégale” la procédure de mise en accusation du directeur du Matin lors de la fouille au niveau de l'aéroport. Contacté hier, par téléphone, M. Benchicou souhaite que son procès “n'aggrave pas la tension qui existe au sein de la corporation et de la société. Nous voulons bien contribuer au retour de la sérénité, et la balle est dans le camp du gouvernement. Il faut que les pouvoirs arrêtent de harceler les citoyens et les forces sociales qui réprouvent sa politique. Il faut qu'on arrive à accepter le pluralisme d'idées”. Le directeur du Matin estime qu'au lieu d'aller vers l'apaisement “le pouvoir ne fait que continuer à aggraver l'instabilité de la situation sociale en usant de pressions diverses et de harcèlements judicaires et en ternissant l'image du pays vis-à-vis de l'étranger”. Il en veut pour preuves, le cas de Hafnaoui Ghoul, jour naliste et militant des droits de l'Homme, jugé et incarcéré à la prison de Djelfa ainsi que des citoyens de T'kout, victimes de sévices de la part de la Gendarmerie nationale. “Il est temps, affirme Benchicou, pour Bouteflika de marier son discours par des actes s'il a une réelle volonté de construire un pays démocratique. Ce n'est pas en jugeant des journalistes qu'il y arrivera”. Une question s'impose : le procès aura-t-il lieu ou trouvera-t-on encore un subterfuge pour le reporter ? M. B.