La région des Aurès demeurait encore fermée, hier, à toute personne étrangère, notamment celles venant de la région de Kabylie. Comme lors de la journée de dimanche, les délégations communales dépêchées à partir de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Alger et Boumerdès ont toutes été refoulées par un important dispositif sécuritaire stationné à plusieurs endroits sur l'axe routier menant vers la région de Batna. Et pourtant, ces délégués et citoyens n'avaient d'autre objectif que celui de marquer concrètement leur soutien aux familles de la victime et des détenus de la région de Tkout. Malgré ça, un refus catégorique leur a été signifié, dès l'approche de la ville de Batna. «On nous interdit de circuler normalement dans notre pays», s'insurgeait, hier, le délégué d'Amizour, Khoudir Benouaret, qui n'arrivait toujours pas à réaliser que l'on puisse empêcher des citoyens de se solidariser avec leurs frères d'une autre région. Farès Oudjedi, qui s'est rendu, hier matin, pour prendre part au sit-in de protestation devant le tribunal d'Arris, a lui aussi et ses camarades de Béjaïa été refoulés. Ce qui l'a surpris le plus, c'est aussi l'importance du dispositif sécuritaire déployé sur tous les axes routiers menant vers la région des Aurès. «Pensaient-ils que toute la population de Kabylie allait se déplacer à Arris?». Lui aussi s'est montré étonné de cette façon de faire pour contrer une action de solidarité envers une partie des citoyens d'Algérie. D'autres délégués provenant des autres localités du pays ont subi le même sort. Parfois, les services de sécurité se croyaient même obligés de les raccompagner jusqu'aux frontières de la wilaya de Batna. «Une façon de s'assurer que nous allons rentrer chez nous», soulignait encore un délégué visiblement déçu par la tournure prise par les événements. Quelques délégués ont réussi, cependant, à passer à travers les mailles du filet des services de sécurité. C'est le cas de ceux qui ont fait le voyage par car. Mélangés à d'autres voyageurs, la police et la gendarmerie n'ont pas pu s'en apercevoir et mettre la main dessus. Ceux-là ont-ils pris part au sit-in de protestation devant le tribunal d'Arris ? A l'heure où nous mettons sous presse, il nous a été impossible de le vérifier ni même de connaître les circonstances du déroulement de l'action de protestation. A ce propos, il y a lieu de rappeler que six jeunes citoyens interpellés lors des événements, qui ont secoué la région à la suite de l'assassinat d'un jeune par un garde communal comparaissaient, hier, devant le juge. Lundi dernier, 18 de leurs camarades, interpellés dans les mêmes conditions, ont écopé de peines allant de 3 à 12 mois de prison ferme. La région était depuis sous tension. D'où cette réaction de soutien et de solidarité des archs de Kabylie qui reste impossible à réaliser sur le terrain devant l'arsenal sécuritaire dressé sur la route de la caravane de solidarité.