Face à la victoire sans appel de l'extrême droite aux Européennes en France, le président socialiste, François Hollande, déjà très impopulaire, poursuit sa dégringolade. Après ce cuisant échec le président français se retrouve plus fragilisé que jamais, à la fois en Europe et dans son propre camp. A la veille d'un dîner des dirigeants européens à Bruxelles, le chef de l'Etat français a tenu hier une réunion de crise à l'Elysée pour tenter de tirer les leçons de cette nouvelle déroute électorale, deux mois après une première défaite des socialistes au pouvoir aux municipales. Pour François Hollande, entouré de ses principaux ministres, il s'agit de tenter de limiter les dégâts et de convaincre les Français de la nécessité de poursuivre une politique largement sanctionnée. Dès dimanche soir, l'Elysée a fait savoir que les leçons seraient «tirées» de cet «événement majeur». «Séisme», «choc», «coup de tonnerre»: l'émotion et la stupeur étaient à la une hier de la presse française mais plusieurs éditorialistes et dirigeants politiques pointaient la responsabilité du chef de l'Etat. «Pour François Hollande, la descente aux enfers continue», écrivait Le Figaro (droite) tandis que Libération (gauche) évoquait un «vote sanction» contre l'Europe, contre les partis de gouvernement, «mais aussi contre sa politique et sa personne». «Le plus tragique c'est que le chef de l'Etat n'a plus de munitions», écrivait Libération, rappelant que M. Hollande a déjà «grillé celle du remaniement», en nommant Manuel Valls début avril à la tête du gouvernement, et en décidant in extremis un «geste fiscal» en faveur des plus modestes. Sanction immédiate, seuls 11% des Français estiment que François Hollande ferait un bon candidat pour la présidentielle de 2017, selon un sondage Ipsos-Steria publié dimanche soir. Déjà contesté par l'aile gauche de son parti, François Hollande risque de faire face à une fronde croissante au sein d'un Parti socialiste qui a enregistré dimanche son plus mauvais score à une élection européenne, à moins de 14% des suffrages. «On est dans le désaveu à l'égard des politiques qui sont menées. Et, sur le plan électoral, dans la déroute», a ainsi jugé hier le député socialiste Christian Paul, l'un des «41 frondeurs» qui avaient refusé de voter la confiance à Manuel Valls. «La responsabilité du président de la République, c'est maintenant de changer de politique», en menant «une politique plus efficace et plus juste», a-t-il ajouté, à la veille d'une réunion du bureau politique du Parti socialiste qui s'annonce houleuse.