La comédienne en compagnie de son réalisateur Tony Gatlif à Cannes Il ne faut pas se fier aux apparences, malgré son air de fée mutine, cette comédienne née joue dans le nouveau film de Tony Gatlif un rôle d'une femme forte des plus tenaces. Elle est une éducatrice combative et bien déterminée à ramener des jeunes adolescents sur le droit chemin; parviendra-t-elle? Elle est ainsi ce témoin et ces yeux par lesquels cette histoire d'amour contrariée nous est contée, sublimée qu'elle est par ces pas de danse tzigane et ces chants sensuels, pleins de grace et de rebellion. Discrète, mais loin d'être effacée, la belle au yeux bleus s'est livrée à nous en toute simplicité sur une des plages de la Croisette à Cannes. L'Expression: J'avoue que vous m'avez séduite. Dans le film de Tony Gatlif vous jouez le rôle d'une femme très forte, alors que quand on vous voit vous êtes toute menue, mais vous vous battez contre vents et marées, vous crevez l'écran. Comment avez-vous pu conduire et porter sur votre dos le personnage de cette éducatrice des plus déterminées? Céline Salette: Je me suis mise dans les pas de Tony en fait. Parce que, comme beaucoup de metteurs en scène, il est la source de son oeuvre et donc c'est lui qui avait les clés du personnage. Il me les a données en fait. Il m'a donné beaucoup d'énergie sur le plateau. Il m'a vraiment guidée. C'est très beau quand il dit que sur le plateau c'est comme une transe pour arriver à trouver le film ou l'endroit juste. On a fait ça tout le temps. Et j'avoue que parfois j'ai manqué de cette force là qui est, c'est vrai, un peu surdimensionnée, qui n'est pas forcément la nôtre. On n' est pas tous les jours forts. Ça m'est arrivé de devoir aller chercher cette force. En fait? ce n'est pas si facile de se tenir droit, c'est dur.. Vous avez fait un travail psychologique énorme pour ressembler à Géronimo... Celui d'une femme qui passe son temps à se sacrifier pour les autres avant de penser à elle-même... Oui. Mon Géronimo est un personnage pivot, un personnage caméra qui est là pour nous guider vers le coeur de l'histoire. Celle de cet amour contrarié qui produit une guerre. Et le personnage de Géronimo c'est Tony d'abord. C'est le regard que porte Tony sur les deux communautés et l'amour qu'il porte pour tous les personnages. Le personnage de Géronimo c'est un peu le prolongement de Tony qui connaît toutes les communautés et essaye de les rassembler. De la même manière, c'est un cinéaste qui essaye de rassembler les gens, en disant nous sommes tous de la même famille, des êtres humains. C'est ce que porte Tony dans la vie comme cinéaste je pense. Il dit que l'amour existe, la violence aussi et il faut s'acharner à la combattre. D'après Tony Gatlif, vous êtes aussi un peu comme ça dans la vie, bienveillante et soucieuse de rassembler les gens et les aider... J'ai un peu un truc comme ça oui. Qui est Céline Salette? Moi non plus je ne me connais pas vraiment (rire).. mais sur un plan cinématographique, j'ai fait beaucoup de petits films en fait, des films d'auteur, des films singuliers, j'ai travaillé qu'avec des gens qui sont trés particuliers. J'ai travaillé notamment avec philippe Garrel dans Un été brulant avec Monica Bellucci et avec Bertrand Bonello dans un film qui était en sélection officielle, à Cannes, il y a 4 ans. Ce sont des films qui sont très beaux, qui ne sont pas des films grand public. C'est le genre de films dans lesquels vous aimeriez jouer? Non, ce sont les films qui viennent à moi en fait. Je trouve que j'ai de la chance. Je suis très amoureuse des films que je fais. Je suis choisie et sollicitée par des choses souvent un peu souterraines, particulières, mais je m'en fous en même temps de mon image, je m'en fou d'être connue. Cela n'a pas grande importance. Qu'est-ce qui vous importe alors? Faire de beaux films, raconter de belles histoires. J'ai commencé à faire du théâtre en fait à 14 ans. Il y avait dans un hangar une troupe semi-professionelle qui jouait et qui était passionnée d'Ariane Mouchkine, du Temple du Soleil. C'était des gens passionnants hypertalentueux qui animaient des ateliers pour les gens et j'en ai fait quand j'étais au lycée. Il y avait une rampe de lumière et un rideau rouge et, entre les deux, rien et en même temps tout était possible. Moi, c'est un peu comme ça que je me vois en fait. Un rien, mais avec un tout est possible. Vous voyez un peu ce que je veux dire? Le théâtre m'a constitué. J'adore jouer. Je me sens profondément actrice. J'adore jouer comme une enfant. J'adore faire le chien, l'idiote, je ne sais pas comment vous le dire...Il y a un truc entre le jeu et l'enfant qui est très lié. Vous avez effectivement un air de mutine...un côté Peter Pan chez vous... Ah oui! C'est beau ça... Donc, jouer ça me constitue profondément. C'est un truc bizarre que je découvre au fur et à mesure, mais je pense qu'on est là tous pour grandir, devenir de meilleurs êtres humains et je pense que le cinéma sert à ça aussi, à révéler qui on est, par quoi on est traversé. Quel serait le rôle de votre rêve? Je pense avoir tourné le rôle de mes rêves avec Géronimo. Il y a des chose tellement belles dans ce personnage..