L'exploitation du gaz de schiste complique l'incompréhension de la classe politique En l'absence d'un dialogue sincère, les chances d'un consensus autour de l'élaboration d'un Etat fort s'amenuisent de jour en jour. Rien ne fait l'unanimité. La scène politique assiste actuellement à un plus grand désaccord entre les partis politiques et le pouvoir. Jamais un tel niveau de dissension n'a été atteint même durant les pires moments qu'a traversés le pays. Le champ d'entente se rétrécit, pour ne pas dire disparaît, pour laisser place à la mésentente. Depuis la dernière élection présidentielle du 17 avril, on assiste à une avalanche de propositions lancées de part et d'autre et qui sont diamétralement opposées. Les chantiers mis dans l'espoir de parvenir à une entente, semblent avoir l'effet contraire et renforcent davantage le fossé entre l'opposition et le pouvoir. La révision de la Constitution, la Réconciliation nationale, le Plan d'action du gouvernement sont autant de projets qui divisent sérieusement le landerneau politique. Les avis se multiplient et sont divergents à tous les niveaux. Des contradictions sur le fond et sur la forme sont relevées à fur et à mesure de la connaissance des détails des projets en cours. Sur le terrain, aucun lien commun entre l'opposition et le pouvoir. L'exploitation du gaz de schiste complique davantage l'incompréhension de la classe politique et surtout l'espace économique national. La décision prise récemment par le Conseil des ministres a suscité de vives inquiétudes. Le candidat malheureux à la présidentielle, Ali Benflis, a qualifié, de «hâtive et précipitée» la décision du président Abdelaziz Bouteflika portant sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste en Algérie. Dans un communiqué rendu public lundi dernier, l'ancien chef de gouvernement a vivement critiqué cette orientation. Pour M.Benflis, les pouvoirs publics ignorent le débat qui agite de nombreux pays sur le gaz de schiste en termes de rentabilité, de protection de l'environnement et, fait encore plus grave, pour l'Algérie, en termes de préservation de nos ressources hydriques. Le président du MSP, Abderrazak Makri, a estimé, pour sa part, que «l'exploration du gaz de schiste est un crime contre les générations futures». Lors d'une conférence de presse qu'il a animée samedi dernier, M.Makri a expliqué que le recours à l'exploration du gaz de schiste est la preuve que «le système est conscient que le pays est en danger». Cette décision risque encore de faire couler beaucoup d'encre au niveau des associations de protection de l'environnement. Ce n'est pas tout. La Réconciliation nationale telle que proposée dans le projet de révision de la Constitution, provoque la colère du monde associatif. Des organisations des victimes du terrorisme dénoncent la faveur accordée aux anciens investigateurs de la tragédie nationale. «Nous refusons de nous asseoir à la même table avec les responsables de la tragédie nationale», a déclaré Mme Flici. Les anciens gardes communaux contestent également l'orientation du gouvernement et dénoncent l'élargissement des clauses de la Réconciliation nationale à d'autres catégories. Au même moment, le débat sur la révision de la Constitution continue de miner la scène politique. L'ouverture de consultations politiques sur le projet, en juin prochain, n'a en aucun cas réussi à rapprocher le pouvoir et l'opposition. Celle-ci se démarque de la démarche tracée par le président de la République et estime que ce projet a été ficelé sur-mesure. De son côté, le gouvernement multiplie ses garanties en assurant à l'opposition de respecter toutes ses revendications, mais en vain. Les grosses pointures de l'opposition ne veulent pas prendre part à ces consultations qu'elles qualifient de mise en scène. Pour eux, le chantier constitutionnel doit faire l'objet d'un débat national qui regroupe toutes les sensibilités et non pas un projet prêt à débattre. Le Plan d'action du gouvernement est un autre terrain de mésentente. L'opposition promet de ne pas participer au débat lors de son examen en plénière dimanche prochain. «Nous n'allons pas prendre part au débat car le gouvernement ne respecte pas l'article 84 de la Constitution qui stipule que l'Exécutif doit présenter un bilan annuel devant les députés», a confié récemment Lakhdar Benkhelaf, député du Front pour la justice et le développement. Les observateurs de la scène politique estiment que l'absence d'un cadre de concertation entre le pouvoir et l'opposition est à l'origine de ces clivages. En l'absence d'un dialogue sincère, les chances d'un consensus autour de l'élaboration d'un Etat fort s'amenuisent de jour en jour.